Le quatrième art majeur : la musique, nous touche de près ou de loin. Nous y avons facilement accès et elle représente une part importante de notre quotidien. Nous pouvons la consommer à travers nos objets connectés (ordinateurs, tablettes, smartphones) et dans n’importe quel lieu, et à n’importe quel moment de notre journée.
Cet art peut désormais être consommé à travers plusieurs supports :
- Support physique notamment grâce aux CD
- Support numérique avec les plateformes de streaming digitales
Nous pouvons observer que depuis maintenant cinq ans le vinyle, un objet vintage est redevenu tendance. De nombreux artistes lancent des éditions limitées de leurs derniers albums disponibles uniquement en vinyle. Depuis la démocratisation des plateformes de streaming, les consommateurs avaient perdu cette relation particulière entre les artistes et eux-mêmes. La vente de vinyle et autre merchandising (casquette, t-shirt…) permettent au consommateur de ne plus juste écouter la musique de leurs artistes préférées mais de rentrer dans un cercle fermé et de créer une relation plus “intime” avec ces derniers.
D’après une étude menée par Statista, les ventes musicales ont généré près de 729M € de recettes en France en 2021. De quoi présager un beau futur pour les artistes et leurs fans !
La SNEP (Syndicat National de l’Edition Phonographique) nous indique que les ventes de la musique enregistrée sur le marché français retrouvent le niveau de chiffre d’affaires équivalent à plus de 50% de son niveau historique de 2002. Cela après un passage difficile en 2020 et la crise de la pandémie du coronavirus, où les CD n’étaient pas considérés comme un achat de première nécessité.
Le top album 2021 faisait figurer le rappeur Orelsan à la première position avec Civilisation, suivi de Grand Corps Malade et du collectif Les Enfoirés. Un podium hétéroclite mettant à l’honneur la culture dite urbaine avec le rap et le slam et la variété française avec les Enfoirés.
L’une des questions de base pour guider notre article serait de savoir comment définir une consommation musicale ?
Nous le caractérisons comme le fruit du travail d’un artiste, sur plusieurs mois, voire années. Mettant à la disposition d’un auditeur/consommateur un projet musical prenant la forme d’un objet, d’un fichier uploadé ou encore d’un clip musical. Le tout, produit par une maison de disque et distribué sur des plateformes de streaming et des lieux de vente physique (Fnac, les hypermarchés).
Mais d’où vient cette évolution/mutation de la consommation musicale ? Comment sommes-nous passés de : acheter son CD de Lara Fabian pour l’écouter dans son baladeur CD, à télécharger Spotify et taper le nom de Booba pour avoir sa discographie entière à disposition ?
Nous allons tout d’abord montrer par le biais d’une infographie réalisée par nos soins, les acteurs de l’industrie du disque et l’évolution des objets de consommation. Dans un second temps, nous entrerons dans l’ère du digital et voir comment cela a sauvé cette industrie du disque.
L’industrie du disque : des hauts et des bas
En résumé, trois majors dominent l’industrie musicale : Universal Music, Sony Music et Warner Music. Ils ont pour rôle de contrôler et d’épauler l’artiste sur la construction et le développement de son projet et de son personnage public.
Depuis les années 1880, la musique pouvait se consommer de quatre façons : le phonographe, le disque vinyle, la cassette audio et le CD. Ces deux derniers objets ont été les premiers tournants du changement de la consommation musicale. Notamment avec des objets compacts et nomades (baladeurs mp3).
Lors de la période 2001-2002, la vente de CD a été une année exceptionnelle pour la musique. Avec une croissance des ventes de + 10,8%, comme nous l’indique la SNEP. Mais à partir de 2003, les bénéfices de vente commencent à chuter. Cette crise pointe du doigt le CD. Nous pouvons alors nous poser la question : « Quelles en sont les causes ? »
L’arrivée d’internet et le début de la crise du disque
Au début d’internet, le World Wide Web a été créé dans le but de faciliter le partage d’informations, de fichiers et de courriers électroniques. Une transition s’est créée au moment où l’utilisateur d’internet est passé de simples consommateurs à créateur de contenu pour apporter sa pierre à ce grand édifice qu’est le WWW. L’utilisateur ne veut plus seulement consulter Wikipedia mais il veut écrire ce qu’il sait sur Wikipedia. Il ne veut plus écouter de la musique, il veut la posséder.
C’est à ce moment-là qu’une pratique va prendre de court l’industrie du disque et tout révolutionner. C’est le phénomène du téléchargement illégal. Pour les non-adeptes du concept, cela consiste à se diriger sur des sites illégaux et se procurer parfois même avant la sortie officielle les dernières musiques, albums des musiciens en vogue.
Etant donné la vaste propagation de cette pratique, il fallait repenser tout le modèle de distribution. Cette reconstitution a permis d’assurer la pérennité du quatrième art majeur et contrer ce phénomène illégal.
Les compagnies discographiques réagissent alors à cette crise. Pour contrer le téléchargement illégal, ils ont mis en place le téléchargement payant. Cela a permis d’une part aux artistes et aux maisons de disques de récupérer de l’argent sur leurs créations. D’une autre part aux consommateurs de soutenir les artistes en achetant une version dématérialisée de l’album.
Apple qui est toujours dans les bons coups est le premier à signer des accords avec les majors pour avoir la possibilité de diffuser le contenu sur iTunes. Ce qui lui a permis de devenir le premier vendeur de musique dématérialisée grâce à la consommation via l’iPod.
La transition est faite ! On ne se dirige plus dans le Virgin ou la Fnac la plus proche pour acheter le dernier album de Kenza Farah, on le télécharge sur son PC/Ipod pour l’écouter.
De nos jours, de nombreux acteurs ont émergé pour concurrencer le géant américain dans le streaming musical.
Nous en comptons deux :
- le suédois Spotify
- le français Deezer
- Et bien sûr Apple lui même qui a su rester à la page en créant Apple Music.
D’après l’IFPI (Fédération internationale de l’industrie phonographique), fin 2021 il existait près de 523 millions d’utilisateurs de comptes d’abonnement payants dans le monde. Paris réussi pour les compagnies discographiques ? Qu’en est-il de YouTube ? Il pose également des soucis aux vendeurs de disques. En effet, la plateforme sociale propose du contenu musical en format vidéo, apportant une réelle valeur ajoutée pour le consommateur. L’artiste quant a lui bénéficie du développement de son image, art plus poussé grâce au lien entre image et son.
Depuis 2020, les streams audios sur YouTube sont comptabilisés dans les ventes de musique. Cela oblige les artistes et les maisons de production à publier leurs projets sur la plateforme vidéo de Google. Le tour de force des plateformes de streaming a fonctionné !
L’industrie du disque, une industrie incertaine
Elle évolue sans cesse, au gré des innovations culturelles et technologiques. Le digital a changé les codes de la musique et les ventes physiques. Les magasins de disques se font donc de plus en plus rares. Bien sûr, il en existe encore, mais le choix est plus limité. On l’observe avec la fermeture de plusieurs Virgin Megastore dans le monde et en France en 2013.
Avec l’arrivée des différentes plateformes musicales, les labels doivent penser à toute une stratégie de commercialisation. La promotion et le contact avec le consommateur sont plus importants que le projet de l’artiste en lui-même. Être dans le top album, intégrer une playlist ou bien voir sa musique exposée, sont des critères qui ne sont plus négligés quitte à privilégier la quantité à la qualité de l’écoute.
C’est un phénomène que l’on peut apercevoir dans l’industrie de la musique urbaine avec l’essor des réseaux sociaux et notamment l’application chinoise TikTok. L’industrie de la musique se transforme-t-elle en un simple fast-food, dans laquelle l’artiste néglige sa qualité au profit de la quantité et des chiffres ? Les consommateurs sont-ils aussi responsables de ce virage à 90 degrés pris par les artistes ?
La Suite ?
Après ce panorama de l’évolution du mode de consommation musicale en passant des canaux traditionnels aux canaux digitaux, nous verrons dans nos prochains articles en quoi le digital a transformé la consommation musicale et la promotion des artistes ?
Nous allons nous appuyer plus particulièrement sur l’exemple de l’industrie de la musique urbaine qui a été la pionnière à modifier le comportement du consommateur dans son rapport à la musique proposée par un artiste.
A travers différents articles, nous aborderons différents sujets qui vous permettront de pouvoir établir une stratégie de marketing et de communication efficace et pertinente de la création à la livraison, en passant par la promotion de votre projet.
Qui sommes-nous ?
Nous sommes Ajay et Mehdi, deux grands consommateurs de musique et fan de musique urbaine, actuellement assistants chargés de budgets display au sein de dentsu. Nous avons grandi en écoutant des classiques interprétés par des poids lourds de l’industrie : Rohff, Booba, Ninho, Jay-Z, Tupac… Notre objectif a travers nos écrits est de vous partager notre passion et notre expertise. 🤟🏾
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