La place des géants du e-commerce dans nos habitudes de consommation s’accroit grandement dans de nombreux secteurs d’activité. Se faisant, la part de marché captée par ses acteurs vient fragiliser les commerces de proximité. C’est le cas aussi pour les boutiques de jeux spécialisées comme Excalibur à Montpellier. Pour faire fasse à cette concurrence croissante, de nombreuses stratégies ont été mise en place par ces acteurs locaux afin de retenir leur clientèle.
UNE EXPANSION LIMITÉE DE L’OFFRE E-COMMERCE
Entre 2012 et 2016, internet captait déjà 30% des parts de marché de jeux et jouets en Europe de l’Ouest. 22% des consommateurs En 2018, les grandes surfaces et la distribution spécialisée marquaient un recul de -4% des ventes alors que, dans le même temps, les ventes en lignes enregistraient une hausse de +14% pour atteindre 19% des ventes du marché ludique.
Il faut cependant relativiser cette perte de vitesse par la transformation de modèle économique d’une partie des acteurs historiques du secteur qui vont réussir à capter ce changement de mode de consommation avec leurs propres sites e-commerce.
Il est aussi intéressant de noter que le secteur ludique avait déjà subi un fort impact avec l’avènement et la montée inexorable du marché des jeux vidéo qui à imposer très tôt à ce secteur de revoir son modèle. C’est à ce moment-là que le virage vers des jeux plus adultes a été pris. On a également noté que la cible à changer en visant un public plus large, moins spécialiste et pour des parties plus courtes (1h ou 2h contre jusqu’à 4h à 6h auparavant).
C’est donc dans un contexte de concurrence directe et indirecte forte, que le secteur a dû faire preuve d’originalité pour se démarquer et continuer à faire vivre son offre.
UNE EXPÉRIENCE PHYSIQUE QUI SE TRANSFORME
L’une des premières initiatives majeures qui est apparue au sein du secteur est la création de « bar à jeux » tel que Le Dernier Bar Avant La Fin Du Monde. Comme son nom l’indique, le concept est celui d’un bar (mais également café) dans lequel les gens se réunissent, non seulement autour d’un verre (ou d’une tasse de thé), mais aussi d’un plateau de jeu, d’un paquet de cartes, et ce pour quelques parties. Certains de ces bars, cafés ludiques ont également une activité de boutique en parallèle.
Cela montre bien à quel point le secteur cherche à se réinventer, à faire vivre une expérience nouvelle au consommateur. Le succès de ce format tient en grande partie au fait que l’on vienne aussi conseiller les clients dans le choix des jeux, leur fasse découvrir de nouvelles choses et proposent des formats adaptés aux attentes de chaque client.
Cela vient en écho à la problématique souligné lors du notre article précédent, à savoir, la multiplication de l’offre et la difficulté pour le grand public, de moins en moins spécialiste, de s’y retrouver.
DES RÉSEAUX PHYSIQUES QUI SE DIGITALISENT
D’autres acteurs ont fait le choix de jouer à fond la carte du digital en transformant et adaptant son offre avec des jeux digitalisés : permettant aux joueurs de se retrouver par écran interposé en se passant totalement de boite de jeu, se qui vient de facto court-circuiter la concurrence des géants du e-commerce.
Mais certains ont fait le choix de conserver leur boutique physique et leur produits « classiques » tout en innovant sur la partie branding de leur stratégie marketing via la création d’une chaine YouTube.
En effet, c’est le cas de « Le Passe-Temps », qui a su surfer sur la vague du numérique pour jouer eux-mêmes le rôle d’influenceur et apporter ce service de conseil au grand public. Classement, tests, récompenses, vulgarisation, sont autant de formats qui vont permettre à cette boutique physique de prendre la parole.
Cette initiative va leur permettre, au-delà du rôle d’influenceur qu’ils n’ont pas endossé (car aucun partenariat rémunéré sur la chaine), de faire parler d’eux dans leur zone de chalandise et d’attirer du trafic en magasin grâce à leur position de spécialiste. En ligne, ils vont aussi potentiellement toucher un public avertit qui peut avoir pour démarche de soutenir les commerces français et donc de commander chez eux.
En conclusion retenons d’abord que la montée en puissance des géants du e-commerce dans le parcours client reste « maitrisé ». Retenons aussi que le secteur ludique sait faire preuve d’innovation pour continuer à satisfaire ses clients et à répondre à un besoin qui s’accroit en même temps que la taille du marché : le conseil. Et c’est bien sur ce point, soit, en amont de l’achat que les spécialistes doivent de plus en plus se positionner pour apporter de la valeur ajoutée et se démarquer.