Les dernières mutations de la société ont impacté le milieu de l’art et plus particulièrement celui des galeries d’art. La crise COVID-19 a mis un point d’arrêt du secteur aux quatre coins du monde entrainant un certain nombre de transformations, de doutes et de remise en question sur la manière de promouvoir et de consommer l’art, particulièrement dans les galeries d’art.
Le but d’une galerie d’art, autre qu’exposer, est de créer un lien avec le potentiel acheteur ou le simple amateur d’art. Avec la crise sanitaire ce lien si fort aurait pu se rompre, mais les nouvelles technologies et surtout les réseaux-sociaux ont permis d’offrir aux visiteurs une expérience plus personnel avec des vidéos, des photos montrant le travail des artistes et leurs pratiques, des podcasts et des interactions avec les artistes ou des experts. Ces interactions et partages avec le public permettent de compenser le vide crée par la crise et de maintenir un lien émotionnel et engagent avec les internautes, aussi divers que possible. Ces lieux d’expositions tentent de faire en sorte que l’expérience visuelle et sensible soit préservée malgré la froideur des écrans. Poursuivre cet engagement au-delà du réel est essentiel pour ces galeries qui doivent faire face à une plus forte volatilité des collectionneurs mais également des artistes, notamment par l’intermédiaire des réseaux-sociaux qui sont devenus une force de frappe dans le milieu grâce à la proximité qu’ils offrent avec le public et une certaine liberté vis-à-vis des autres intermédiaires. Avant le Covid on observait déjà une certaine « ubérisation » du marché de l’art avec l’apparition de plateformes plus ou moins récentes où se rencontre un panel d’œuvres aussi large qu’on ne puisse l’imaginer et très attractif pour les collectionneurs volatils et plus jeunes.
Nouvelles technologies, nouveaux usages
Les nouvelles expériences interactives et immersives se sont fortement généralisé depuis la pandémie ces deux dernières années. Le galeriste autrichien Thaddaeus Ropac qui détient une galerie à Paris par exemple à déployer une stratégie impactante sur les réseaux sociaux en créant des formats et du contenu spécifique à Internet : exposition en ligne, exposition en réalité virtuelle, interactions avec des artistes sur Instagram, etc. Le galeriste a même embauché sept personnes qui se consacrent uniquement à ce développement en ligne. Le résultat est probant, plus de 230 000 followers sur Instagram et une explosion des visites du site Internet.
Ces nouveaux modes de consommation se sont multiplié et se sont adapter à un monde de plus en plus tournée vers le digital. Les galeries d’art ont dû trouver de nouveaux moyens pour exister au-delà de leurs espaces physiques en multipliant différents moyens de consommer l’art et de le vivre. Parmi les nouvelles innovations nous pouvons citer la démocratisation de la réalité virtuelle et augmentée. La galerie Christian Berst à Paris présente depuis l’année dernière un bon nombre d’expositions et d’expériences en ligne virtuellement. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres car désormais les galeries ont pour la majorité sauté le pas, il serait difficile d’en esquisser tous les contours. La démocratisation de ces technologies permet d’aller plus loin dans l’expérience que peux offrir l’art. Autre exemple qui montre la pérennité de ces technologies hors fermeture, la galerie Perrotin à Paris qui propose durant le mois de novembre une exposition entièrement en réalité virtuelle, munis d’un casque et d’une manette, le spectateur est plongé dans un environnement virtuel mélangeant cinéma, jeu vidéo et l’art.
Une mutation déjà entamé avant la crise sanitaire
Le développement des expériences immersives et technologiques à l’attention du public existait déjà avant l’apparition du Covid-19, dans une moindre mesure. Plus besoin de vivre une grande métropole pour profiter des dernières collections, une bonne connexion Internet est plus que suffisant. La dématérialisation a entrainé l’apparition de nouveaux formats et d’une nouvelle façon de consommer l’art au quotidien. Les galeries d’art ont dû innover et trouver des solutions pour pallier aux fermetures successives. Ces innovations ne sont pas le fruit d’un essor technologique soudain, en réalité le milieu de l’art se les approprie seulement maintenant. Les technologies de réalité virtuelle étaient déjà présentes depuis une dizaine d’années dans d’autres secteurs comme celui du cinéma ou des jeux vidéo. La pandémie a servi de tremplin pour entamer cette transformation nécessaire afin de se réinventer et continuer à exister.
Des achats de plus en plus tourné vers le mobile
Selon le rapport Hiscox sur le marché de l’art en ligne, le digital est le grand gagnant du marché post-Covid. 82% des nouveaux collectionneurs et 70% des jeunes acheteurs d’art ont réalisé des achats en ligne pendant la crise, ils étaient qu’entre 35 et 40% l’année précédente. Les achats sur mobile ont explosé, 38% des achats réalisés par les jeunes (milléniales) ont réalisé des achats d’art directement sur leur smartphone. Ces nouveaux acheteurs ne sont pas forcément hostiles à l’expérience en galerie ou en physique puisque le rapport montre que 48% des collectionneurs ayant acheté online souhaite retrouver les galeries d’art et les salles de vente. On remarque également une internationalisation des achats grâce au digital qui permet d’avoir une communauté issue du monde entier et une facilité à avoir accès à l’information.
Complémentaire mais pas opposé
Le digital et les nouvelles technologies sont maintenant bien installé et vont rester mais sans être interchangeables. C’est un moyen qui doit être pensé comme une complémentarité de l’expérience qu’on peut connaitre en « réel » et à condition d’avoir des contenus digitaux pensés pour le format. Il serait faux de dire que le Covid est la cause majeure de ces chamboulements, au contraire, la crise a juste donner un coup de fouet pour moderniser l’activité des galeries d’art et plus globalement le marché de l’art.
Sources :
- https://www.franceculture.fr/histoire/breve-histoire-des-galeries-dart-entre-la-boutique-et-le-musee
- https://lepetitjournal.com/milan/a-voir-a-faire/musee-art-digital-lieu-historique-milan-319389https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/covid-19-les-galeries-d-art-ont-plutot-bien-resiste-grace-aux-nouveaux-collectionneurs-et-a-ceux-qui-ont-fait-des-economies_4649139.html
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