L’approche du premier tour des élections présidentielles nous démontre une fois de plus la place que prennent les réseaux sociaux dans la vie politique. Avec la pandémie, les candidats se sont faits toujours plus présents sur les réseaux afin de pouvoir s’adresser à leurs électeurs, ainsi qu’aux indécis. Quels sont donc les enjeux des réseaux sociaux pour les mouvements et personnalités politiques en 2022 ?
A la conquête des jeunes
Bien qu’en dessous de la moyenne mondiale, les Français restent friands de réseaux sociaux avec en moyenne 6,8 plateformes utilisées par chaque internaute français et 1h41 d’utilisation moyenne par jour.
Instagram, Snapchat et Facebook sont les réseaux sociaux les plus utilisés par les 16-25 ans, la même tranche d’âge qui est peu ou pas politisée. Le désintéressement d’une partie de la population à la communication politique pourrait être relié au content shock, c’est à dire la démultiplication des canaux de communication et du volume de messages, publicitaires ou autres, auquel chaque individu est confronté.
Arrivé en France en 2016, Tiktok compte aujourd’hui 11 millions d’utilisateurs actifs mensuels et est aujourd’hui la plateforme en plus forte progression chez les 16-25 ans. Cela, les personnalités politiques l’ont bien compris, investissant la plateforme de plus en plus en vue de l’élection présidentielle de 2022, même si les influenceurs originaires de la plateforme restent majoritaires. Tout comme Instagram, Twitter et Facebook avant eux, la plateforme chinoise fait désormais partie des outils indispensables de la stratégie de communication politique.
Une politique à visage humain
Les réseaux sociaux offrent, dans leur diversité, la possibilité de montrer plus d’aspects de sa personnalité et/ou de sa campagne que ce qui serait visible pendant un meeting ou lors d’une apparition télévisée. Ainsi, Facebook et Instagram sont des réseaux sociaux de l’intime, Twitter est un réseau social de l’opinion, Twitch et Tiktok sont avant tout des divertissements, et quant à LinkedIn, il existe pour mettre en avant l’aspect professionnel de ces utilisateurs.
La publicité politique est interdite sur certains réseaux sociaux comme Twitter, poussant à devoir communiquer principalement à travers la plateforme
Par ailleurs, le fait de jongler entre ces différents réseaux sociaux donne aux personnalités politiques une image de soi plus moderne, plus humaine. Ils permettent, grâce à la vitesse quasi-instantanée de réaction offerte aux internautes, de donner l’impression d’un dialogue avec ces personnalités et, en conséquence, de les voir plus comme des personnes. Cette quasi-instantanéité, parfois couplée à un aspect éphémère, incite à une culture du moment.
Dans la même lignée, les réseaux sociaux offrent également une plateforme d’échange inégalée, permettant aux soutiens et aux détracteurs de s’exprimer et d’échanger avec les représentants politiques. Cette impression d’un dialogue peut être clé dans la captation d’un électorat désenchanté de la politique traditionnelle, tels que les publics plus jeunes qui ne sont souvent pas ou peu politisés. Dans cette optique, nous avons pu voir pu voir des personnalités politiques avoir un petit succès sur des plateformes tel que Twitch, notamment Jean-Luc Mélenchon, ou s’allier à des influenceurs pour créer du contenu, tel qu’Emmanuel Macron avec les Youtubeurs MacFly et Carlito.
Des écueils à éviter
Les mouvements et personnalités politiques doivent être également conscients de l’épée de Damoclès qui flotte au-dessus d’eux. En effet, la désinformation de plus en plus répandue sur les réseaux sociaux a poussé les plateformes à réagir. Des personnalités politiques ont déjà été victimes de suspension permanentes de comptes, notamment sur Twitter. Par exemple, Donald Trump et Marjorie Taylor Greene ont été suspendus car accusés de répandre de la désinformation. Il peut s’agir là d’un écueil majeur pour les personnalités politiques ne maîtrisant pas leur discours. Les réseaux sociaux en eux-mêmes deviennent un sujet de conversation avec la peur de la radicalisation et de la censure.
Par ailleurs, les personnalités politiques peuvent se retrouver les cibles d’abus et de harcèlement. Les messages ou commentaires de nature violente ou injurieuse ne sont pas rares sur les réseaux sociaux.
Tenter de percer dans un réseau social peut également être contre-productif si les codes de chaque réseau social ne sont pas maîtrisés. Une communication mal maîtrisée sur les réseaux sociaux peut vite mener à être la risée des utilisateurs et crée une ouverture aux adversaires politiques. Ceci peut-être la conséquence d’un bad buzz à la suite d’une publication mal perçue, d’une perception de « sonner faux » ou d’une communication inadaptée, caractérisée par de vieilles méthodes pas optimisée pour de nouvelles technologies.
Comme nous avons pu le voir, les réseaux sociaux sont devenus en quelques années des outils privilégiés pour communiquer avec le public. Ils offrent des opportunités de communications à des publics s’étant détournés des discours politiques traditionnels ainsi que des méthodes de communication associés. Les écueils inhérents à ces moyens de communication peuvent toutefois rendre cette pratique contre-productive, pouvant aller jusqu’à ridiculiser un mouvement ou un candidat politiques.
- https://www.lesechos.fr/elections/candidats/la-presidentielle-2022-se-joue-aussi-sur-tiktok-1371648
- https://www.lefigaro.fr/politique/presidentielle-2022-quand-les-politiques-font-campagne-sur-tiktok-20211105
- https://www.france24.com/fr/france/20210410-twitch-la-plateforme-qui-devient-tendance-chez-les-politiques
- https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/pourquoi-tout-le-monde-meme-les-politiques-se-rue-sur-twitch-888449.html
- https://www.blogdumoderateur.com/etude-jeunes-reseaux-sociaux/
- https://www.blogdumoderateur.com/30-chiffres-internet-reseaux-sociaux-mobile-2021/