Règles compliquées, niveau d’attention exigé, thèmes trop niches… il est parfois difficile de convaincre quelqu’un de jouer à notre jeu de société. Alors comment attirer et engager les non-joueurs ?

• Les thèmes

L’univers de votre jeux de société est la première information affichée par le produit. Si la mécanique de votre jeu est facile et abordable, ne complexifiez pas la couverture de la boîte avec des thèmes trop niches comme des univers geeks.

Un exemple parfait ? Le jeu Hagakure, édité en 2020 par Studio H, est un tarot simplifié. Une bonne idée puisque malgré la popularité du tarot, compter les points à ce jeu reste une difficulté partagée par les joueurs. Hagakure n’a pas eu le succès qui lui était destiné et ne s’est vendu qu’à 3 000 exemplaires l’année de sa sortie.

La raison ? Un potentiel client voyant des samouraïs sur la boîte du jeu se projette difficilement en train d’y jouer avec sa mère ou sa grand-mère, n’est pas particulièrement attiré par cette esthétique, et ne comprend pas directement qu’il s’agit d’un jeu reprenant le tarot. Romi Rami, lui, édité par Randolph en 2023, expose directement son concept de jeu de rami modernisé et plus fun que le rami classique.

Il est primordial de réfléchir au thème de son jeu sous l’angle du marketing. On sait d’ailleurs que, selon la Fédération française des industries Jouet Puériculture, 71% des enfants de sexe masculin ont une utilisation fréquente de jeux de construction, et 79% ont une utilisation fréquente de jeux comprenant des voitures et des véhicules. Des grands thèmes comme la police et les pompiers peuvent plaire, on retrouve le jeux de société Sky Team qui a attiré un grand nombre d’intéressés dès sa sortie car le désir de savoir faire décoller un avion est répandu. On compte en effet 50 000 exemplaires vendus son premier mois de vente (source: Le Sorpion Masqué). Si le Cluedo s’autoproclame « Le jeu des grands détectives », Sky Team s’impose comme le jeu des grands pilotes. Une fois cette promesse faite au consommateur, ce dernier est davantage enclin à passer à l’achat et à s’impliquer dans la compréhension des règles du jeu, le pire ennemi du produit.

Alors que le Docteur Maboul garantit l’expérience d’opérer un patient et le Dimoi de mieux connaître ses proches, ne négligez pas l’enjeu de votre jeu, et assurez-vous qu’il soit partagé par le plus grand nombre si votre objectif est d’élargir votre public.

Pour élargir le public d’un jeu dont l’image et le concept sont vieillissants, comme le Monopoly ou le Cluedo, il est bon de le décliner avec des versions thématiques qui parlent à des communautés : un Scrabble Harry Potter sera bien plus attrayant pour tout un pan générationnel et pour les potterheads qu’un Scrabble classique. Monopoly étend l’exemple jusqu’à un certain degré puisque le grand magasin Le Bon Marché a même proposé sa propre version dans ses rayons.

Bénéficier d’une licence n’est pas à la portée de tous les éditeurs de jeux de société, mais vous pouvez vous inspirer de cette formule : créer un jeu de base dont les règles sont simples et dont le thème est minimaliste, puis le décliner dans d’autres versions. Le Dobble, jeu à succès, ne demande aux joueurs qu’à apercevoir le plus rapidement possible un symbole parmi d’autres sur une carte. Son esthétique très épurée et sans personnalité appuyée permet alors de décliner le thème à l’infini.

• Faire un best seller

Même si votre consommateur joue pour stimuler son sens de la réflexion, votre objectif est de lui simplifier la tâche le plus possible. Nous pouvons remarquer plusieurs points communs à ces quatre top ventes Amazon :

• Une esthétique moderne et minimaliste
• Un prix ne dépassant pas la vingtaine d’euros
• Des concepts simples et accessibles
• Une moyenne de temps de jeu de vingt minutes
• Un matériel léger

La plupart des gens ne passent pas plusieurs heures à comprendre et tester un jeu de société complexe, c’est un hobbie réservé à un certain groupe de consommateurs. Le public plus large que vous souhaiter toucher doit se projeter en train de jouer au jeu d’une manière fun. Avec qui va-t-il y jouer, où, quand ? Cela peut-être sur la plage, en soirée, ou en famille le dimanche. On peut noter Olé ! Guacamole, qui se revendique comme le jeu de l’apéro. Pourtant lorsque l’on y joue, rien ne rappelle l’apéritif : pas de dessins de chips, pas de concept qui se rapporte à l’alcool ou aux petites tomates; on doit seulement trouver un mot dont l’orthographe ne contient pas une lettre indiquée et faire passer le paquet de carte. Tout s’est joué dans le design et dans le concept léger qui se joue autour d’une table.

Dans le prochain article, nous verrons comment faire de votre jeu un best-seller grâce a un plan de communication efficace en faisant de sa sortie un événement. Nous comprendrons que créer une attente, étonner et faire participer sont des leviers clés pour construire la réputation d’un nouveau jeu.