La communication de santé publique vise à promouvoir la santé, prévenir les maladies et protéger la population en mettant l’accent sur le bien-être collectif et en influençant les comportements vers des pratiques plus saines. Cependant, avec internet et les réseaux sociaux, cette communication peut être perturbée par la propagation de fausses informations qui viennent saper la confiance du grand public et donc diminuer son efficacité. Afin de contrer cette désinformation, la mise en place de campagnes sanitaires efficaces qui tiennent compte des spécificités de chaque public cible en s’appuyant sur des messages clairs et vérifiés scientifiquement, devient impérative. Pour illustrer, nous nous pencherons sur l’exemple de la campagne de vaccination contre le HPV dans les collèges à la rentrée 2023.
Stratégies de communication pour des campagnes de santé publique
Quelle stratégie de communication adopter en santé publique ?
Objectif de la campagne de communication
Déterminer l’objectif de la campagne est primordial. Cela peut être la sensibilisation à un problème de santé particulier, la promotion de comportements préventifs (mode de vie plus sains, vaccination…) ou la gestion d’une crise sanitaire.
Les cibles
Les campagnes de sanitaires s’adressent à des publics diversifiés (tranches d’âge, cultures, langues et niveaux de compréhension…). Les messages doivent donc être adaptés en conséquence.
✅Par ailleurs, en santé publique il convient de distinguer le grand public pour lequel il faut apporter des conseils ou des réponses, des professionnels de santé qui attendent des recommandations de prise en charge des patients.
Les messages
✅Les bons messages
La communication santé doit être efficace et véhiculer les bons messages aux bonnes personnes. Pour cela il y a plusieurs critères :
- Rendre les messages accessibles et compréhensibles par tous. Il faut donc être clair et éviter le jargon trop médical
- Être rassurant, sans pour autant minorer les risques
- Être transparent, afin de faciliter une relation de confiance
- Faire en sorte que les destinataires se sentent concernés en répondant à leurs attentes
- Répéter régulièrement les messages pour renforcer la mémorisation
- Être incitatif à une action
✅Importance de l’approche pédagogique
Dans le cadre d’une campagne de sanitaire, il est nécessaire d’avoir une démarche pédagogique pour que les messages de prévention conduisent à un réel changement de comportements ou d’habitudes.
Par ailleurs, l’information fournie est plus efficace si elle contient une solution pour éviter un risque, plutôt que si elle informe uniquement sur le risque.
Par exemple, dans le cas du coronavirus, des messages de prévention ont été diffusés notamment sur les gestes barrières.
✅Basés sur des preuves scientifiques
La communication en santé publique repose sur des données et sources scientifiques fiables. En effet, elle s’appuie sur des preuves pour étayer ses messages ou recommandations et renforcer sa crédibilité.
✅Adaptés aux circonstances
La communication est amenée à changer en fonction de l’évolution de la situation ou des besoins de la population.
Par exemple lors de l’épidémie de COVID-19 cas de la deuxième campagne, que Santé Publique France a mis en place après les gestes barrières, qui concerne le “restez chez vous”.
Collaboration avec parties prenantes
La communication en santé implique souvent la collaboration entre les professionnels de la santé, les institutions, les médias, les laboratoires ou d’autres parties prenantes pour concevoir les campagnes et ainsi atteindre les objectifs.
Évaluation de l’impact de la communication
La mesure de l’efficacité des campagnes de communication en santé publique est cruciale pour s’assurer que les informations soient bien intégrées et acceptées par les populations, mais aussi pour ajuster la stratégie en fonction des résultats obtenus. Les indicateurs tels que le changement de comportement, la compréhension du public ou le taux de vaccination permettent de mesurer l’efficacité.
Quels outils digitaux pour communiquer en santé publique ?
Les outils digitaux constituent un excellent moyen pour diffuser des messages de prévention de manière plus efficace et au plus grand nombre. En effet, la majorité des personnes utilisent internet et les réseaux sociaux pour s’informer sur divers sujets, notamment en santé.
Les sites web
Internet regorge de ressources médicales potentiellement utiles, mais il est également parsemé de contenus trompeurs et de fausses affirmations. Pour ne pas perdre les internautes, mieux vaut les orienter vers les sources d’informations fiables. Les sites officiels des instances de santé sont les premiers à consulter. Parmi eux :
➡️Les organismes publics qui relèvent de la santé proposent des informations validées par les spécialistes : les sites de Santé Publique France, Santé.fr, d’ameli.fr (à destination du grand public), de l’Inserm ; de l’Institut national du cancer (INCa); de Vaccination Info Service, de la HAS (Haute autorité de santé) ou des ARS (Agences régionales de santé)…
➡️Les instances au niveau international : les sites de l’organisation mondiale de la santé (OMS) ou l’agence européenne du médicament (EMA) …
➡️Les sources issues des grands établissements de soins ou de recherche privés : Les sites de l’Institut Curie ou l’Institut Pasteur…
➡️Les sources issues des associations professionnelles : Les sites de la Fédération française de cardiologie… ou de patients comme l’AFM-Téléthon…
➡️Les sources issues de la presse scientifique qui publient les résultats de la recherche en cours : les publications de The Lancet, The New England Journal of Medicine, Nature…
➡️Des sites tels que le vidal.fr, qui apporte les informations relatives aux produits de santé, et la thérapeutique.
Les réseaux sociaux
➡️Utilisation des médias sociaux pour promouvoir des messages de santé
Les réseaux sociaux jouent un rôle significatif dans la communication en santé publique. En effet, ce sont des espaces interactifs, facilement accessibles qui permettent une diffusion rapide des informations. D’ailleurs les médias sociaux ont déjà été utilisés pour la promotion de messages de santé publique.
➡️L’influence santé
L’influence en santé sur les réseaux sociaux constitue un véritable atout pour informer un public plus jeune, vulgariser les informations de santé mais aussi pour amplifier la portée d’une information grâce au pouvoir de recommandation des influenceurs envers leur communauté. Cela permet également de pallier le manque de visibilité des institutions de santé et des sources de confiance sur les médias sociaux.
Investir sur le marketing d’influence pour la diffusion de messages sanitaires adaptés constitue donc une stratégie efficace.
Les influenceurs de santé peuvent être des médecins, professionnels de santé, patients ou associations de patients…
Plusieurs influenceurs santé ont émergé sur les plateformes sociales, notamment sur la plateforme TikTok. Ainsi plusieurs professionnels de santé utilisent cette plateforme comme un levier de communication pour véhiculer des messages de santé, c’est le cas du Docteur Jimmy Mohammed. Cette plateforme ayant connu une forte progression, cela permet de toucher un grand nombre d’abonnés de générations différentes
Les supports de communication
➡️Les images
Les images améliorent le taux de mémorisation des messages et les rendent plus impactant. En effet, sur les réseaux sociaux, un texte avec une image est 650% plus engageant qu’une publication avec seulement du texte.
➡️Les infographies
L’infographie est un moyen de communication santé simple et efficace. Elles permettent de rendre compréhensible des informations médicales parfois complexes en une seule visualisation. C’est un support qui permet d’être facilement partagé en ligne, notamment sur les plateformes sociales.
➡️Les bannières
Les bannières peuvent être utilisées sur des sites web pour diffuser des messages de prévention et rediriger vers des sites spécialisés, comme Santé Publique France.
➡️Les vidéos
La vidéo est un des supports de communication les plus engageants. C’est pourquoi, dans le cadre d’une campagne de communication en santé publique, il est important de créer des vidéos pédagogiques. Ces vidéos explicatives aident à mieux informer et ainsi à influencer le changement de comportement dans la population.
➡️Les newsletters
Les newsletters sont utiles pour la communication en santé, car elles peuvent être créées rapidement et diffusées à un grand nombre de personnes par mail.
➡️Les chatbots
L’ajout d’un chatbot sur les sites web peut s’avérer utile pour améliorer la communication auprès des individus et faciliter les recherches de santé des visiteurs.
Par exemple, des chatbots, comme l’Amelibot de l’Assurance Maladie, permettent aux patients et professionnels de santé de gagner du temps dans leur recherche de renseignements médicaux.
➡️Les podcasts et l’audio
Depuis quelques années, l’émergence des podcasts ou de l’audio n’a cessé d’augmenter, notamment dans le domaine de la santé. Le podcast est donc un moyen de communication efficace auprès des acteurs de santé ou pour sensibiliser le grand public sur des questions de santé.
La communication santé en temps de crise
Adapter la communication en temps de crise sanitaire est essentiel et doit prendre en compte plusieurs paramètres :
✅Être réactive et mesurée
Elle doit être immédiate, rassurante et précise. En effet, les informations doivent être diffusées rapidement pour informer la population sur la situation actuelle et les mesures à prendre. Par ailleurs, la communication doit être maîtrisée et distillée à bon escient. Une sous réaction risque d’entraîner un phénomène de négligence et à l’inverse surcommuniquer risque de provoquer la panique.
✅Identifier des experts légitimes
Lors des situations de crise, tout le monde à quelque chose à dire et beaucoup de personnes donnent leur avis, notamment sur les réseaux sociaux. C’est ce qui entraîne la confusion. C’est pourquoi il est important d’identifier rapidement et de privilégier la prise de parole d’experts sur le sujet.
✅Gérer la désinformation
Les crises sanitaires sont régulièrement accompagnées de rumeurs et d’intox en ligne. Celles-ci sont susceptibles d’entraîner une méfiance du public et d’avoir un effet négatif sur les comportements de santé. Il faut donc rapidement les identifier et les contrer. L’enjeu est de rester crédible en se basant sur les faits et en évitant tout affrontement.
✅Avoir une attitude transparente
Afin de garder une relation de confiance avec la population, il faut savoir communiquer publiquement sur les limites des connaissances ou incertitudes, quand on ne comprend pas un phénomène, pour limiter les critiques ou incompréhensions.
✅Anticiper les préoccupations de la population
Il est essentiel d’anticiper et d’avoir une communication proactive pour être en mesure de fournir des réponses avant qu’elles ne deviennent des problèmes et rassurer le public.
✅Choisir l’omnicanalité
Les canaux de communication doivent être diversifiés pour atteindre les différentes cibles au bon moment. Cela passe par les sites web, les réseaux sociaux, les webinaires mais aussi par les médias plus traditionnels.
Communiquer en limitant désinformation
✅Détecter les fake news
Pour rester à l’écoute des intoxs susceptibles de se propager de manière élargie, il est primordial de participer à l’écoute sociale en surveillant les médias informels comme les blogs et les médias sociaux. Ceci dans le but d’écouter les préoccupations de la population, mais aussi d’identifier les sujets de santé ciblés et les techniques employées par désinformateurs afin de mieux les contrer.
Les outils du social media listening peuvent donc aider à combattre la désinformation dans le secteur médical. En effet, ces outils collectent, trient et qualifient les informations, pour détecter et gérer les fake news en ligne. La couverture du social listening va au-delà des réseaux sociaux et inclut les forums, les blogs, les sites d’avis, mais aussi tout ce qui peut être publié par les internautes au sein de commentaires sur les sites d’actualités et presse et autres espaces collaboratifs.
✅Désamorcer la désinformation
Une fois la désinformation identifiée, il faut désamorcer celle-ci, en alertant la population qu’elle peut être confrontée à des intox et lui apporter des données fiables pour lutter contre ces fausses informations.
Par exemple, Il serait judicieux de lancer des publications Vrai/Faux, afin d’aider la population à faire faire le tri dans l’actualité mais aussi délivrer une information objective.
✅Choisir le moment opportun
Pour lutter contre les fake news en santé, le choix du moment pour intervenir est à prendre en compte. En effet, intervenir trop tôt pourrait attirer davantage l’attention sur une fausse information. En revanche, réagir trop tard pourrait à l’inverse la laisser se répandre de façon non contrôlée.
✅S’adresser au grand public
Afin de répondre efficacement aux fausses informations, s’adresser au grand public s’avère plus utile que de répondre directement au « désinformateur ».
Dans le cadre de la méfiance envers la vaccination : il faut différencier les anti-vaccins radicaux, minoritaires et sur lesquels on ne peut pas vraiment agir ; des individus qui hésitent et qui peuvent être réceptifs au raisonnement. C’est sur ces derniers qu’il faut agir, avec de la pédagogie et des messages basés sur des données fiables.
Illustration avec la campagne de vaccination contre les cancers HPV
Infections à Papillomavirus humains et cancer
C’est quoi les infections à Papillomavirus humains HPV ?
Les infections à Papillomavirus humains (HPV) sont des virus qui se transmettent lors des contacts sexuels. Il en existe près de 200 types différents, dont 12 peuvent provoquer des cancers.
On estime qu’environ 8 personnes sur 10 sont exposées à ces virus au cours de leur vie. Ces infections sont la plupart du temps asymptomatiques et disparaissent généralement en quelques mois. Cependant une proportion peut persister et évoluer en maladie.
Lien entre les HPV et les cancers
Chaque année en France, 6 400 nouveaux cas de cancers (utérus, vagin, pénis, gorge…) sont causés par les infections à papillomavirus humains.
Le plus fréquent est celui du cancer du col de l’utérus qui touche près de 2 900 femmes et cause environ 1 100 décès chaque année, tous sont liés aux HPV. Par ailleurs, 25 % des cancers provoqués par les HPV touchent les hommes.
✅Aujourd’hui, la vaccination contre les HPV prévient jusqu’à 90 % des infections HPV à l’origine de cancers
Vaccination en France
Qui est concerné par la vaccination ?
En France, la vaccination contre les virus HPV est recommandée depuis 2007, chez les jeunes filles. Les recommandations s’appliquent également à tous les garçons depuis janvier 2021. La vaccination contre les virus HPV est proposée chez à partir de 11 ans, selon les schémas suivants :
- Un schéma à 2 doses pour les de 11 à 14 ans
- Un rattrapage à 3 doses pour les 15 et 19 ans inclus
Deux vaccins sont disponibles : Le vaccin Gardasil 9 et Le vaccin Cervarix.
Une couverture vaccinale insuffisante
La couverture vaccinale est particulièrement faible en France.
Selon les données de Santé Publique France, en 2022, seuls 41,5% des filles âgées de 16 ans avaient un schéma vaccinal complet (soit 2 doses). Pour les garçons du même âge seuls 8,5% avaient reçu 2 doses de vaccin.
⚠️Ces chiffres sont beaucoup plus faibles que la plupart des pays à haut niveau de revenus, qui atteignent des taux de vaccination à 70 à 90 %.
Les intox et controverses à propos du vaccin contre le HPV
Au niveau mondial, la population française est l’une des plus méfiantes vis-à-vis des vaccins. De plus à l’ère du numérique, la désinformation se répand de plus en plus vite, pouvant atteindre des personnes autrefois convaincues à la vaccination. La vaccination contre le papillomavirus n’y échappe pas. Parmi les fausses affirmations les plus partagées en ligne par les détracteurs on retrouve :
❌infox 1 “On observe une augmentation des cancers du col de l’utérus dans les pays qui ont fortement vacciné”
Plusieurs publications montrant une augmentation de l’incidence du cancer du col de l’utérus depuis le début de la vaccination, dans les pays où la couverture vaccinale est élevée, avec graphique à l’appui, ont circulé.
✅En réalité, les données sont mal interprétées, car cette augmentation commence en 2003, soit avant la commercialisation du vaccin et donc le début de la vaccination.
De plus, les personnes atteintes par le cancer comptabilisées dans l’étude n’étaient pas vaccinées.
Enfin, il est trop tôt pour pouvoir évaluer le nombre de cancers chez les jeunes filles dont la vaccination a débuté en 2007, car elles ne sont pas arrivées à l’âge où un cancer pourrait être diagnostiqué. L’argumentaire qui lie cette augmentation des cancers du col de l’utérus à la vaccination HPV est donc faux.
❌infox 2 “La vaccination anti-HPV entraîne des effets indésirables graves”
La crainte d’effets indésirables sévères est l’un des principaux freins à la vaccination des adolescents contre les infections liées aux HPV.
Plusieurs controverses sont apparues entre 2011 et 2015 et relayées en ligne et par les médias, attribuant aux vaccins anti HPV la survenue de pathologies auto-immunes ou neurologiques. D’autres rumeurs se sont propagées. En effet, les internautes accusent également le vaccin de « provoquer l’insuffisance ovarienne et donc la stérilité des jeunes filles ».
✅Les autorités de sanitaires ont confirmé à plusieurs reprises qu’il n’existait pas de données permettant de remettre en cause la sécurité des vaccins, avec plusieurs publications dont une vaste étude menée sur plus de 2 millions de jeunes filles, qui conclut que la vaccination n’entraîne pas de sur-risque de maladies auto-immunes et de sclérose en plaque.
Par ailleurs, en 2017, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), après avoir examiné toutes les études réalisées sur ces vaccins et les études de pharmacovigilance, a réaffirmé que ces vaccins étaient sûrs et fiables.
❌infox 3“Le vaccin n’est pas efficace”
✅L’efficacité de la vaccination contre les HPV a été observée dans plusieurs pays comme la Suède ou l’Australie où la couverture vaccinale est importante (80 %).
Par exemple, en Australie les chiffres montrent que la vaccination a permis de réduire de plus de 77 % des infections par les types de virus HPV à l’origine de la majorité des cancers du col de l’utérus.
Leçons à tirer des autres pays : exemple avec le Danemark
Au Danemark, la couverture vaccinale anti-HPV des filles avait été initialement importante, mais les taux ont par la suite fortement chuté entre 2013 et 2017. Cette chute s’explique par une montée de la méfiance envers les vaccins anti-HPV : la crainte d’effets indésirables, la défiance envers les scientifiques ou l’industrie pharmaceutique et l’importance du relais par les réseaux sociaux.
➡️Entre 2017 et 2019 l’agence de santé, la société du cancer et l’association médicale danoise ont mis en place une campagne d’information pour augmenter le taux de couverture vaccinale en ciblant particulièrement les mères de filles non vaccinées qui hésitent.
➡️La campagne de communication a consisté à informer sur les infections à HPV, le cancer du col de l’utérus et la vaccination en utilisant des outils digitaux, notamment : création d’un site web dédié, une page Facebook et des hashtags Twitter du type #stophpv.
✅La campagne d’information a été efficace car le taux de vaccination anti-HPV est remonté à son niveau initial.
La campagne vaccination anti-HPV en 2023 dans les collèges
Lancement de la campagne de vaccination
Face au faible taux de vaccination, le Président de la République a annoncé, le 28 février 2023, la mise en place d’une campagne de vaccination contre les papillomavirus humains (HPV) dans les collèges pour tous les élèves de 11 à 14 ans volontaires. Elle a été lancée à la rentrée 2023 par le ministère de la santé et de l’éducation nationale. L’objectif étant d’atteindre une couverture vaccinale de 80% à l’horizon 2030. La difficulté réside dans la méconnaissance du vaccin.
En effet, une étude de Santé Publique France, montrait que la moitié des personnes interrogées ne connaissaient pas le vaccin.
La campagne gouvernementale doit donc tenter de faire connaître cette vaccination, de diminuer la méfiance du public et de rattraper ainsi le retard de la France. Pour y arriver, elle doit être associée à une campagne d’information massive.
La campagne de communication pour la vaccination anti-HPV dans les collèges
La campagne de communication pour la promotion vaccination anti-HPV a été confiée à L’INCa (Institut national du cancer) au niveau national et pilotée par les ARS (Agences Régionales de Santé) au niveau régional. Cette campagne cible les adolescents et leurs parents, mais aussi les professionnels de santé. Elle a pour objectif d’améliorer les connaissances sur les virus HPV et la vaccination, et d’accompagner les parties prenantes impliquées.
➡️Pour les adolescents
L’INCa a mis en place, avec le ministère de la santé un journal d’information pédagogique « Tout savoir sur la vaccination contre les HPV » téléchargeable en ligne sur son site et distribué dans les collèges. Celui-ci s’accompagne d’un film d’animation disponible sur YouTube et sur sa page web destinée aux enfants. Par ailleurs certaines ARS, comme celle de Nouvelle Aquitaine ont mis en place un site internet grand public dédié à la campagne de vaccination dans les collèges avec informations, FAQ et témoignages.
➡️Pour les parents
La communication prévoit une campagne radio qui diffusera des messages visant à les aider dans leur prise de décision quant à la vaccination de leur enfant, avec des chroniques où des médecins répondent aux principales questions des parents. Elle prévoit également un dispositif sur le digital, notamment sur les réseaux sociaux pour répondre à leurs interrogations et les informations et sites dédiés.
➡️Pour les professionnels de santé
La campagne prévoit des actions dans la presse médicale, mais aussi des ressources dans leur espace numérique pour échanger sur la question de la vaccination anti HPV. Certaines ARS, comme celle du Grand Est, proposent des webinaires de remise à niveau sur les HPV et la vaccination à destination des professionnels de santé.
Désinformation et tendances
Depuis l’annonce de la campagne de vaccination dans les collèges, les contenus anti-vaccins sur le vaccin anti-HPV se sont multipliés. Ces publications utilisent comme supports les fausses affirmations citées dans le paragraphe « Les intox et controverses à propos du vaccin contre le HPV » (plus haut).
C’est ce que nous montre l’analyse des tendances sur google trends ou les recherches sur le vaccin contre les infections à papillomavirus et Gardasil étaient stables. Puis on observe un pic de recherches fin février correspondant à l’annonce de la campagne. On constate également une augmentation des recherches à partir de septembre avec le début des campagnes de vaccination dans les collèges.
Ces données suggèrent que les HPV n’étaient pas au centre des préoccupations des Français avant l’annonce de la campagne. Ce constat, rejoint d’ailleurs les résultats des études de santé publique France sur la méconnaissance des Français sur les HPV et la vaccination.
⚠️Néanmoins lorsque le vaccin revient au cœur de l’actualité avec la campagne dans les collèges, les recherches augmentent fortement et le sujet se retrouve sur le devant de la scène dans les communautés anti-vaccins.
Les initiatives pour lutter contre la désinformation
Depuis l’annonce de la campagne de vaccination contre le papillomavirus pour les collégiens à la rentrée, de nombreuses fausses informations circulent et sont très partagées sur les réseaux sociaux. D’autant que certaines familles vont probablement aller chercher des réponses sur les réseaux sociaux. Face à ces réticences, les initiatives se multiplient.
✅Sur le site internet de l’INCa, via sa rubrique “Les éclairages” destinée à apporter des réponses face aux fausses informations qui circulent, fait le point sur les intox associées aux vaccins contre les HPV en se basant sur des données scientifiques.
✅Par ailleurs, afin de lutter contre la désinformation, la fondation pour la recherche médicale (FRM) s’est associée à The French Virologist, docteure et chercheuse en virologie qui vulgarise la biologie et les maladies infectieuses sur ses réseaux sociaux, suivie par plus 85 000 abonnés sur Instagram. L’objectif est de sensibiliser la vaccination contre le papillomavirus en donnant accès au public à une information fiable.
✅D’autres outils de fact-checkeurs tentent de contrecarrer la désinformation sur le vaccin contre le HPV.
C’est le cas du site de l’AFP factuel, qui démystifie avec des experts la tribune d’un ancien médecin opposée à la vaccination anti-HPV et publiée sur le média controversé France Soir.
De même pour la plateforme de fact-checking vrai ou faux de l’audiovisuel public qui enquête sur les fausses informations relayées sur les médias sociaux à propos de la campagne de vaccination dans les collèges.
Limites et enjeux
Des acteurs de santé moins représentés
⚠️Au-delà du problème des propagateurs de fausses informations, c’est également un problème d’absence ou d’inaction des acteurs du secteur médical en ligne. En effet, depuis plusieurs années les autorités de santé, les professionnels de santé sont peu présents numériquement ou peu visibles.
A titre d’exemple, l’INCa présente moins de 7000 abonnés sur Instagram et environ 33000 abonnés sur LinkedIn.
➡️L’ensemble des acteurs de santé (autorités, entreprises…) doit se mobiliser pour être plus visible en ligne et combattre la désinformation.
Collectifs mis en place
Dans un contexte de défiance vis-à -vis des informations de santé, plusieurs initiatives se sont mises en place. C’est le cas pour la vaccination où plusieurs collectifs ont été créés par des experts ou citoyens afin de corriger les infox retrouvées en ligne et vulgariser les informations scientifiques sur la question. Parmi ces collectifs, on peut citer Vaccination et lien social (VLS), les Vaxxeuses ou encore No Fake Med.
⚠️Le travail de ces collectifs vient combler un vide laissé par les autorités sanitaires, qui ne le font pas faute de moyens ou d’investissements.
➡️Néanmoins, la correction des fake news par ce type d’initiatives, est également un moyen d’apparaître indépendant des institutions et pourrait permettre de rétablir le dialogue avec les personnes sceptiques vis-à -vis des autorités.
Diffusion et accessibilité de l’information
⚠️La difficulté pour les institutions, c’est que l’information est très descendante, notamment sur les réseaux sociaux. D’ailleurs les comptes institutionnels ont en général peu d’abonnés. En cas de propagation rapide de fake news, la possibilité de publier une alerte est limitée.
⚠️Par ailleurs, nous l’avons vu plus haut, il existe de multiples sites du ministère pour consulter des informations de santé : sante.fr, vaccination-info-service.fr…ce qui peut perdre les citoyens.
➡️Ainsi rassembler les informations utiles en un seul site pourrait aider les individus à y voir plus clair.
Outils de fact checking non mutualisés
Même constat pour le fact checking. Nous l’avons vu dans le précédent article, plusieurs outils de fact checking ont été mis en à disposition, par les médias ou organismes de recherches. On peut citer Canal détox (l’Inserm), Zeste de science (CNRS), les Décodeurs (Le Monde), ou le Vrai du faux (audiovisuel public, type France info), AFP….
⚠️La limite est qu’il n’y a pas d’organe de fact checking officiel. En effet, l’ensemble de conclusions de ces rubriques ne sont pas mutualisées, à un seul endroit pour faciliter la compréhension de l’internaute.
⚠️L’autre enjeu, est que les individus qui rejettent le système, n’iront probablement pas vérifier ces outils.
Pour conclure, la campagne de vaccination contre les HPV dans les collèges témoignent de l’importance d’élaborer des campagnes de communication robustes, en tenant compte des enjeux pour anticiper et contrer la désinformation médicale en ligne.
Sources :
- https://your-comics.com/fr/article/moyens-de-communication-en-sante-21.html
- https://your-comics.com/fr/article/nouvelles-technologies-sante-mieux-communiquer-patient-27.html
- https://ijnet.org/fr/story/ma%C3%AEtriser-une-strat%C3%A9gie-de-communication-dans-un-contexte-de-d%C3%A9sinformation
- https://blog.digimind.com/fr/insight-driven-marketing/social-media-listening-service-detection-fake-news
- https://www.sante.fr/decryptage/pedagogie/informations-sur-la-sante-quelles-sont-les-sources-fiables
- https://comandhealth.com/construire-lapres-vers-une-nouvelle-approche-de-communication-patient-centree/
- https://comandhealth.com/6-conseils-cles-pour-une-communication-sante-efficace-en-temps-de-crise/
- https://www.ipac-traductions.com/blog/marketing-digital-sante-strategies/
- https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/instruction_interministerielle_no_dgs_sp1_dgesco_2023_99_du_19_juin_2023_vaccination_hpv_college.pdf
- https://www.vidal.fr/actualites/24170-vaccin-anti-hpv-etat-des-lieux-francais-et-lecons-danoises.html
- https://www.ohmymag.com/news/vaccin-contre-le-cancer-du-col-de-luterus-trop-de-fake-news-circulent-sur-internet_art123877.html
- https://leseclairages.e-cancer.fr/vaccination-contre-les-hpv-le-point-sur-les-infox/
- https://www.20minutes.fr/societe/4051964-20230911-papillomavirus-attention-affirmations-trompeuses-efficacite-vaccin-australie
- https://factuel.afp.com/doc.afp.com.336H38R
- https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/ne-vaccinez-ni-filles-ni-garcons-par-gardasil-un-vaccin-dangereux-et-inefficace
- https://vaccination-info-service.fr/Les-maladies-et-leurs-vaccins/Infections-a-Papillomavirus-humains-HPV
- https://www.e-cancer.fr/Presse/Dossiers-et-communiques-de-presse/Faciliter-l-acces-au-vaccin-contre-les-HPV-pour-tous-les-enfants-des-11-ans-la-vaccination-proposee-gratuitement-aux-eleves-de-5e
- https://www.sante.fr/vaccination-contre-les-cancers-hpv
- https://www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Reduire-les-risques-de-cancer/Vaccination-contre-les-cancers-HPV
- https://www.sudouest.fr/france/papillomavirus-une-campagne-vaccinale-compliquee-par-les-reticences-et-les-fausses-informations-16865852.php
- https://www.frm.org/nos-publications/questions-de-sante/papillomavirus-humains-hpv-un-vaccin-pour-qui-et-a-quel-age
- https://www.infovac.fr/actualites/eradiquer-les-cancers-dus-aux-papillomavirus-hpv
- https://www.lagrandeconversation.com/societe/vaccination-des-adolescents-contre-le-papillomavirus-le-retard-francais-cause-2000-deces-par-an/
- https://www.heidi.news/sante/communication-en-sante-publique-la-prevention-par-la-peur-est-un-echec
- https://www.larevuedupraticien.fr/article/demystifier-les-fake-news-avec-les-patients-guide-de-survie
- https://www.20minutes.fr/high-tech/2592951-20190911-comment-rendre-guerre-contre-fake-news-sante-plus-efficace
- https://comandhealth.com/le-role-des-agences-de-communication-contre-les-fake-news-en-sante/
- https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/vaccin/comment-des-citoyens-luttent-contre-les-fake-news-des-antivaccins-sur-le-covid-19-on-vide-la-mer-avec-une-petite-cuillere_4700261.html
- https://www.acteursdesante.fr/fake-news-combattre-la-desinformation/1574/
- https://iris.paho.org/bitstream/handle/10665.2/57725/OPSCIMCOVID19230003_fre.pdf?sequence=1&isAllowed=y
- https://www.debunkersdehoax.org/macron-et-le-vaccin-contre-les-hpv-mettent-le-feu-a-la-toile/
- https://www.nouvelle-aquitaine.ars.sante.fr/vaccination-hpvpapillomavirus-prevenir-des-cancers-lage-adulte
- https://www.vaccination-hpv-nouvelleaquitaine.fr/
- https://www.grand-est.ars.sante.fr/vaccination-anti-papillomavirus-humain-hpv
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