Afin d’amorcer notre étude, il convient de définir notre sujet principal : le cinéma est une abréviation du terme cinématographe, terme qui fait référence à plusieurs notions.
Il s’agit dans un premier temps, d’un art de « composer et de réaliser » des films. Le cinéma est également défini comme un « procédé permettant de procurer l’illusion du mouvement » grâce à une projection. Le terme cinéma évoque également la salle de spectacle où l’on assiste à des représentations cinématographiques. Alors qu’il avait été considéré dès 1923 comme le 7ème Art dans l’article intitulé « Le Manifeste des Sept Arts » publié par Ricciotto Canudo ; le cinéma a pourtant été annoncé sur le déclin lors de l’apparition de la VHS dans les années 80 puis des DVD à la fin des années 90. Cependant, il a su s’adapter et réagir en proposant aux spectateurs de nouvelles innovations et expériences.
Le constat du cinéma en 2010
Depuis le début des années 2010, le cinéma a dû relever un nouveau défi pour faire perdurer son industrie : celui lié à l’émergence de nouveaux modes de visionnage : les plateformes de VOD (Vidéo On Demand). En outre, durant la crise sanitaire engendrée par la Covid19, le cinéma mondial a subi un arrêt forcé. Les trois piliers (production, distribution et exploitation) de l’industrie cinématographique ont dû réagir pour subsister. Cet article vous propose une rétrospective de 2010 à 2020, afin de comprendre l’évolution des forces en présence.
L’exploitation cinématographique française compte en 2010 plus de 5 465 écrans répartis entre différentes sociétés : Pathé-Gaumont, UGC, MK2, CGR ainsi que les cinémas indépendants. A la même époque, l’exploitation enregistre son meilleur chiffre depuis 1967 (211 millions d’entrées) avec 206,5 millions d’entrées en salles soit une hausse de 2,7% par rapport à 2009. Cette évolution peut être expliquée par l’arrêt de l’utilisation de la pellicule et l’émergence du numérique, qui a permis de doubler le nombre d’écrans par complexe. L’autre évènement-phare de l’année a été l’apparition de la 3D avec notamment la sortie au Box-Office d’Avatar réalisé et produit par James Cameron ; preuve que le cinéma est en constante évolution et ne cesse de s’adapter aux dernières technologies pour perdurer.
L’année 2016 marque un nouvelle étape pour l’industrie du cinéma français avec plus de 212,7 millions d’entrées au Box-Office pour 5 842 écrans soit une augmentation de presque 7% par rapport à 2010. Au global sur plusieurs années le nombre d’entrées et de séances augmentent de façon continue. Néanmoins, comme l’explique en 2016 le directeur des études statistiques et de la prospective au Centre national du cinéma (CNC), Benoît Danard, la fréquentation des salles s’avère irrégulière d’une année à l’autre. Ce dernier écrit : « C’est souvent dû à une conjonction de films français et américains très attendus sur une même année ». On constate donc que les salles de cinéma sont très fortement dépendantes des productions et que le cinéma n’est pas consommé de manière uniforme. Le CNC a mené une étude dans ce sens, permettant ainsi de mieux comprendre les habitudes des spectateurs en France. On peut y lire que 17% des entrées ont été réalisées grâce à 4,2% de spectateurs assidus et 37,3% des tickets ont été vendus à des spectateur occasionnels. Cette étude montre également que les jeunes fréquentent de moins en moins les salles alors que les séniors se rendent de plus au plus au cinéma. On peut alors s’interroger sur l’évolution de la consommation du cinéma : à en croire les chiffres, les jeunes semblent de plus en plus se porter vers des plateformes de VOD comme Netflix, notamment par souci d’économie car le tarif d’une place approche en moyenne les 12€ (le tarif varie selon la région, l’âge, l’option de la salle etc.). A la suite de ce constat, nous avons choisi de mener une étude de cas sur cette plateforme, considérée comme la révolution numérique de ces 5 dernières années.
Case Study : 2018, Netflix le rêve américain
Créé en 1997 par Reed Hastings et Marc Randolph, Netflix repose sur deux principes simples mais pourtant novateurs et révolutionnaires : l’accès à un catalogue étoffé ainsi que l’absence de publicité, le tout disponible grâce à un abonnement peu coûteux (environ 4,99€ avec possibilité de partager l’abonnement avec plusieurs « écrans » / utilisateurs pour 9,99€). Simultanément à l’émergence du web, la plateforme devient en 2018 le géant de la diffusion numérique de films et de série. Retour sur l’émergence de Netflix en France.
Netflix prend rapidement conscience d’être devenu un géant de l’audiovisuel et décide de s’attaquer au marché mondial en proposant des films et des séries adaptés à la culture de chaque pays. En 2011, Netflix lance sa plateforme en Amérique Latine, suivent les Pays-Bas en 2013, puis en 2014 c’est au tour de l’Allemagne, la France et la Belgique. En 2016, Netflix est disponible dans presque le monde entier et devient l’un des membres des NATU (Netflix / Airbnb / Tesla / Uber) : acronyme rassemblant les firmes américaines dont le modèle économique révolutionnaire est fondé sur la compétition à l’extrême, l’affaiblissement de la concurrence et la rentabilité comme unique et seul objectif.
La révolution engendrée par Netflix s’illustre dans un premier temps par le choix de son slogan, crée en 2009 : « Netflix and Chill ». Cette expression traduit le fait de regarder sans complexe des séries ou des films pendant des soirées ou des journées entières afin de se détendre. Aujourd’hui parfaitement intégré au langage courant, ce slogan témoigne parfaitement du succès phénoménal de la plateforme et est à l’origine d’une nouvelle façon de consommer l’audiovisuel : « le binge-watching ».
Un autre slogan apparaitra en 2014 avec « See what’s next ». Netflix révolutionne une fois encore la manière de visionner des séries avec la possibilité de regarder tous les épisodes à la suite sans avoir à attendre la semaine d’après comme c’était le cas auparavant. Ce mode de diffusion a été lancé en 2013 avec la toute première série labellisée Netflix Original « House of Cards ». Grâce à ce label, la plateforme à maintenant la capacité financière de produire des films dits « à gros budget » où sont désormais présents des acteurs de grande renommée, comme Brad Pitt dans War Machine pour ne citer qu’un exemple. Avec ce bouleversement, Netflix empiète de plus en plus sur le terrain du cinéma. En 2018, la firme Californienne compte plus de 1 000 création originale devenant ainsi le plus grand studio du monde. Un modèle rapidement copié par d’autres grandes structures comme Amazon avec Amazon Prime Video ou encore Disney avec Disney+.
Netflix s’affranchit donc des normes et impose ses propres codes à l’industrie cinématographique en proposant des œuvres produites par des studios étrangers et des sociétés de production qui étaient auparavant dédiées exclusivement au cinéma traditionnel. On peut citer à cet effet La Casa de Papel(Lionsgate, 2011), Narcos (Gaumont, 2015) ou encore Lupin (Gaumont, 2021).
Comme nous l’avons illustré, les plateformes de VOD ont créé un nouveau mode de consommation qui met à mal l’industrie du cinéma. D’abord boudé par les festivals comme le prestigieux Festival de Cannes, les créations issues des plateformes de VOD font désormais partie intégrante de ce que l’on nomme 7ème Art : signe que l’on peut aujourd’hui visionner un film pour la première fois via la télé de son salon, sur une tablette ou même sur un petit écran de téléphone. Ce constat va à l’encontre de l’identité même du cinéma qui tend à sans cesse évoluer pour proposer aux spectateurs une expérience toujours plus novatrice et de plus en plus immersive comme en témoigne l’invention de la 4DX, de l’IMAX ou des salles Dolby.
En 2020, la crise sanitaire mondiale engendrée par l’épidémie de Covid19 a frappé de plein fouet l’industrie du cinéma, contraignant les salles à fermer leurs portes durant plusieurs mois. Dans un prochain article, nous étudierons comment les acteurs du secteur ont réagi à cette crise sans précédent.