Le street-art fait partie intégrante du marché de l’art. Depuis peu exposé ailleurs que dans la rue, il est désormais devenu monnayable. En octobre 2018, le pochoir de l’œuvre de rue de Bansky « The girl with a balloon » fut vendu 1,2 millions d’euros. Comble de cette œuvre, cette dernière s’est auto détruite dès lors que sa vente eut été adjugée. Un mécanisme avait été dissimulé par l’artiste dans le cadre de ce pochoir afin de le réduire en bandelettes devant les yeux ébahis de l’élite de l’art contemporain.
Donner une définition du street-art demeure complexe. On pourrait appeler art urbain toutes formes d’art créer et présentes dans l’espace public. Or aujourd’hui certains streets artistes exposent et vendent leurs réalisations dans les galeries d’art. L’institutionnalisation de ces artistes ne leur retirerait pas leurs étiquettes d’artistes de rues ? L’art urbain comprend de nombreuses techniques : peintures à l’aérosol, pochoir, sticker, affichage, collage, installation sauvage etc… Cependant, de quelle manière différencier dans la rue une œuvre de street art d’un acte de vandalisme ?
Street-art : De l’ombre à la lumière
Le street art fait partie du paysage médiatique désormais. Autrefois vilipendé par les autorités qui le trouvaient dégradant pour les villes, il est aujourd’hui exposé aux yeux du public dans les publicités et les magazines. Les streets artistes, anciennement appelés graffeurs, sont désormais des artistes vendus dans les plus grandes galeries de la planète. Le street art se démocratise et le rôle des réseaux-sociaux n’est pas anodin dans cette popularisation.
Les premiers sites internet consacrés au street art voient le jour au début des années 2000. Au commencement, on retrouve essentiellement des forums alimentés des photos et de commentaires par des pratiquants ou des passionnées. Ensuite, ces forums sont rejoints par des sites institutionnels ou des sites d’artistes qui profitent de ces plateformes pour vendre leurs travaux ou des produits (t-shirts, affiches, stickers). Cependant, c’est à l’apparition des réseaux sociaux que le street art sort de l’ombre. Ces derniers partagent de nombreuses valeurs communes : Anonymat, gratuité et diffusion au plus grand nombre. Les street artistes profitent ainsi de l’anonymat offert par les réseaux sociaux pour poster leurs œuvres souvent répréender par les autorités. Tout comme dans la rue, sur les réseaux sociaux les œuvres de street art sont exposés à tout le monde de manière gratuite. Les feed Instagram des artistes deviennent alors les vitrines de leurs oeuvres avec une ligne éditoriale.
Les street artistes utilisent le web dans le but de se faire connaitre et à l’opposé leurs travaux apportent du contenu aux plateformes sociales. Ainsi, les individus dans la rue partagent les œuvres des artistes sur les réseaux sociaux ce qui leurs permet d’accroitre leur notoriété. De ce fait, la variété des supports de transmissions de l’art urbain s’est développé grâce aux réseaux sociaux. Sur Instagram certains artistes de rues rassemblent des communautés impressionnantes. Shepard Fairey, alias obeygiant détient 1,3 millions de followers, le Français JR en compte 1,6 million et Banksy plus 11 millions. Ces chiffres semblent invraisemblables en pensant à l’anonymat des artistes de rues il y’a une vingtaine d’années.
L’art urbain comme élément marketing des collectivités et des marques.
On assiste à une démocratisation de l’art urbain. Auparavant boudées par les municipalités, ces dernières profitent de l’émergence du street art pour promouvoir leurs villes. Par le biais d’opérateurs ou d’applications mobiles, les services marketing des offices de tourisme créent des itinéraires street art afin de faire découvrir les rues de leurs villes aux touristes. Désormais, l’art urbain devient une attraction touristique et un argument de vente pour les villes.
Google au travers du site Google Art Project Street Art participé même à l’archivage du mouvement artistique urbain. Cette plateforme est une cartographie interactive et participative repertoriant les œuvres de street art dans le monde entier. Grâce à la technologie Google street-view, il est possible de marcher virtuellement à l’intérieur de la ville pour découvrir les graffs. Mais on peut aussi zoomer sur une image et en sortir des informations complémentaires quant à l’artiste, son mouvement et le titre de l’œuvre.
De plus en plus apprécié par le public et désormais accepté par les villes, c’est au tour des marques d’en faire un élement de communication. Ainsi de nombreux services marketing reprennent les codes du street-art pour les inclure dans les valeurs de leur marque. Les publicitaires cherchent en effet à séduire un public jeune sensible aux valeurs de l’art urbain et habitué aux typographies venant du graffiti. En témoigne, cette campagne de publicité de Winamax placardée dans les rues de Paris et dans l’ensemble du réseau RATP durant l’été 2020. Cette répétition du message et les caractéristiques du lettrage sont identiques aux techniques des graffeurs qui inondent les villes de leurs signatures.
Campagne publicitaire Winamax dans la Gare de l’Est, Juin 2020
De ce fait, la présence de l’art urbain sur les réseaux sociaux a fortement participé sa démocratisation aux yeux du grand public. Aujourd’hui, les codes du street art sont visibles dans l’ensemble des médias et ne sont plus limités à la rue. On assiste donc à une transformation du street art au profil d’une utilisation plus mercantile et diverse du mouvement.