A l’heure de notre économie de marché actuelle, c’est un poncif bien connu et largement rebattu : lorsqu’un service est gratuit, le produit c’est vous. Forcés de revoir leurs Business Models pour aller dans le sens d’un consommateur de plus en plus omnipotent, informé, convoité et courtisé par les concurrents, nombreuses sont les entreprises à avoir fait le pari de lui proposer des biens ou services gratuits, dans l’espoir d’en tirer des informations utiles en retour. Le secteur du numérique fait parti de ceux qui ont eu massivement recours à cette stratégie, en mettant à disposition de plusieurs dizaines de millions d’utilisateurs des services gratuits ne nécessitant que de se créer un compte et de partager ses données personnelles avec l’entreprise exploitante pour en financer l’activité quotidienne. C’est le cas des plateformes sociales telles que Facebook, Snapchat, Instagram, Twitter, ainsi que des solutions de communication comme Whatsapp et Messenger mais aussi d’outils dématérialisés tels que Google Maps ou Drive. Devenus à la fois tellement présents dans la vie quotidienne et si peu contraignants à utiliser (gratuits, pratiques, efficaces et relativement fiables), on aurait même tendance à considérer la disponibilité universelle et gratuite de ces services comme « naturelle », comme allant de soi mais qu’en serait-il si ces applications devenaient finalement payantes ? Lecabinet McGuffin s’est posé la question et a réalisé un sondage aux résultats plus qu’intéressants, ayant par ailleurs le mérite de nous en dire plus sur les préférences des consommateurs tout en permettant de nous interroger sur les mécanismes via lesquels nous attribuons leur valeur aux biens de consommation.
Ainsi, le haut du panier est trusté par les services Google (Youtube en 1ère position, Maps et Drive ensuite) qui ont visiblement su se rendre indispensable auprès des consommateurs: la présence de Youtube pour lequel les sondés sont en moyenne prêts à payer $4,20 par mois peut s’expliquer par l’explosion du recours à la vidéo comme vecteur de communication, par sa popularité et sa force d’évocation. Youtube est également un réseau social comptant de très nombreux utilisateurs et s’est peu à peu imposé comme vecteur d’informations (chaînes d’actualité), de divertissement (youtubeurs etc) et d’apprentissage (tutoriels…). Maps et Drive quant à eux, témoignent du côté utilitaire recherché pour un service que l’on est prêt à payer : utilisables sur smartphone ou tablette, ils reflètent le besoin de mobilité qui caractérise la figure moderne d’un consommateur toujours en mouvement et connecté.
Whatsapp tient une place particulière dans ce classement, dans la mesure où l’abonnement moyen consenti par les sondés est inférieur à celui de Youtube ($2,38 par mois), mais jouit d’une bonne popularité : 89% des sondés se disent prêts à payer pour l’utiliser. En effet, Whatsapp est une alternative sérieuse aux opérateurs de télécommunication traditionnels, permettant de communiquer via n’importe quelle connexion internet avec n’importe qui sur la planète. Cela fait de Whatsapp une application très prisée en Inde par exemple. Par ailleurs, les conversations Whatsapp sont cryptées, protégeant les données des utilisateurs, et il s’agit d’un service de communication permettant l’envoi de messages, de photos et de vidéo, en faisant un service particulièrement central et transversal. Messenger ne jouit quant à lui « que » de 66% d’utilisateurs acceptant de payer pour, un score plutôt faible qui pourrait s’expliquer par le caractère remplaçable de ce service eu égard à l’existence de Whatsapp.
Renforçant cette tendance des outils « utiles » à rencontrer une forte adhésion auprès des consommateurs, les sondés se disent prêts à payer pour Google Translate à 78%. Pour clôturer ces analyses, les plateformes sociales les plus récentes (Snapchat, Instagram, Pinterest) enregistrent des taux d’adhésion étonnamment assez faibles comparé à leur nombre d’utilisateurs actifs, ainsi qu’à l’engouement qu’ils connaissent depuis quelques années.
Mcguffin propose également une projection des revenus qui seraient générés par le passage à ce nouveau type de Business Model (sachant qu’actuellement, la plupart des plateformes citées sont financées par les publicités en ligne qu’elles permettent de diffuser à un public ciblé). En valeur, c’est Youtube qui générerait le plus de revenus additionnels en passant à une logique d’abonnement. Reddit n’est pas en reste, puisque selon les estimations des sondeurs, l’abonnement permettrait à la firme d’accroître son chiffre d’affaire de plus de 10.000% !
Ces estimations ne sont que des projections, et la faisabilité de ces revirements économiques et financiers n’est que théorique. Néanmoins, elles ont le mérite de fournir à ceux qui se prêtent au jeu, des pistes de réflexion intéressantes sur les services numériques qui font notre quotidien.
Source: https://www.mcguffincg.com/what-consumers-would-pay-for-popular-free-apps/