Le 18 mai dernier, la maison de vente Art-Rite crée le buzz en annonçant la mise à l’enchère d’une œuvre insolite. Le plasticien Salvatore Garau proposait aux enchères de Milan une sculpture « invisible ». Estimé à 6000 euros mais acheté pour plus du double, cette œuvre bien qu’impalpable est malgré tout vendue avec un certificat d’authenticité et un guide d’exposition. En effet, cette sculpture sans matière doit être exposée dans des conditions précises. Un espace de 150 x 150 cm au centre d’un espace signalée au sol à l’aide d’un ruban adhésif.
À l’image de la Banane scotchée au mur de Maurizio Cattelan vendu 150 000 euros en 2019, le marché de l’art est coutumier du fait. Au cours des dernières années, de multiples œuvres ont crée la polémique. Ces œuvres vendues à des prix exorbitants exposent les limites de l’art contemporains aux yeux de tous. Ainsi les galeries d’art et les maisons de vente profitent de l’expérience physique et jouent l’effet surprise pour vendre des œuvres d’arts conceptuels pour ne pas dire improbables.
Fermé durant la pandémie et ne pouvant plus présenter leurs œuvres en physique, comment ces structures du marché de l’art ont-elles continué à attirer les acheteurs en ne comptant plus que sur leurs supports digitaux ?
Qu’est-ce que le marché de l’art ?
Le marché de l’art désigne l’ensemble des transactions d’œuvres d’art. Il comprend deux marchés distincts. Le premier marché correspond à l’ensemble des œuvres vendues pour la première fois. Ces lieux de vente sont les galeries d’art traditionnelles ou celle en ligne et les foires d’art. Lorsque les œuvres sont revendues, en maison de vente ou lors de ventes de gré à gré, on parle alors de second marché.
La transition numérique au service de la démocratisation de l’art.
Le principal effet de la digitalisation du marché de l’art est son ouverture sur le public. Autrefois limité à une élite intellectuelle où à des individus fortunés, le marché de l’art s’est offert une visibilité plus large. De ce fait, les individus sont plus nombreux à pouvoir consulter des œuvres sur internet mais ils viennent également de classes sociales nouvelles auparavant peu exposées à ce genre de produit. Le marché de l’art répond, aujourd’hui, à une attente concernant son accessibilité. Instagram est devenu ainsi la meilleure ressource pour toucher les amateurs d’art. De ce fait, 29% des acheteurs d’art des 25-35 ans préfèrent l’achat en ligne.
Les site internet des galeries sont désormais considérés comme des vitrines. Les vendeurs d’art tentent au fur et à mesure de s’ouvrir au e-commerce. Les supports digitaux ont permis de proposer l’ensemble des catalogues des galeries de manière instantanée et quasi gratuite tout en proposant un service de livraison.
Du coté des acheteurs, il est possible de participer en ligne à une vente aux enchères en salle de ventes. Ce type de vente est la partie de l’art qui engendre le plus de flux financier. L’immédiateté d’Internet permet aux ventes aux enchères de garder la même intensité. Comme avec le téléphone auparavant, les fortunes du monde entier s’arrachent à coup de clics les œuvres les plus onéreuses du marché.
Les innovations digitales apportent de la clarté au marché de l’art.
Autrefois considéré comme un marché opaque, les supports digitaux ont répondent à une demande de transparence de la part des acheteurs d’art :
- L’affichage des prix qui n’était pas systématique dans les galeries physiques. Les nouveaux acheteurs en ligne sont sont demandeurs de transparence sur le prix des œuvres.
- La possibilité de suivre les artistes sur les réseaux sociaux. Cela permet de créer un lien avec les artistes et a ces derniers d’imaginer un story-telling autour de leurs pratiques.
- La réalité augmentée permet aux acquéreurs d’œuvres d’art de mettre en situation leurs possibles achats dans un espace souhaité. Il s’agit de présenter l’œuvre au sein de mobiliers servant de référence pour les dimensions.
- L’apparition des ventes privées sur le marché de l’art permet de jouer sur l’opportunité de s’offrir une œuvre d’art à un prix exclusif.
L’arrivée de la Blockchain dans le marché de l’art.
La numérisation du marché de l’art est un processus qui s’est mis en marche depuis plusieurs années. Cependant, la digitalisation de l’art englobe un second phénomène mis en exergue durant la pandémie : La Blockchain. Car la digitalisation correspond également à dématérialisation des monnaies et surtout des œuvres. Telle la sculpture invisible de Salvatore Garau, les œuvres en prenant une forme numérique contribue à l’apparition de l’art immatériel et impalpable.