L’épidémie de COVID-19 en 2020 a brusquement modifié les habitudes de consommation des Français. Avec les restrictions de déplacement et la fermeture temporaire (ou parfois définitive) de commerces locaux, le circuit court est rapidement devenu une alternative attrayante pour la population.
Ce modèle permet de soutenir les entreprises locales, et plus particulièrement les exploitants agricoles, pour qui les marges sont amaigries par la quantité d’intermédiaires sur les circuits plus traditionnels.
Voyons ensemble comment les médias sociaux et le digital sont d’une importance capitale pour les exploitants agricoles désireux de développer le commerce de leurs marchandises en circuit court.
L’impact de l’épidémie sur les habitudes de consommations
Traité plus en détail dans cet article, les Français ont dû adapter leurs méthodes de consommations au digital pour beaucoup de leurs besoins. Beaucoup de commerces étant fermés, doublé de restrictions de déplacement, l’alternative d’acheter en ligne s’est vite fait ressentir.
Ce changement a permis à des sociétés telles qu’Amazon de s’enrichir et réaliser une année record.
De l’autre côté, les petits commerçants locaux ont vite dû faire face à leurs charges toujours inchangées et un chiffre d’affaires en dangereuse baisse.
Le retour du circuit court ?
L’envie de soutenir les commerces locaux est devenue pressante au fur et à mesure que le 1er confinement Français s’est déroulé.
Doublées de fait d’être bloqués chez eux, des bonnes habitudes ont fait leur retour : cuisiner soi-même ses repas et faire du sport (en gros, prendre soin de sa santé).
De ces changements d’habitudes en découle un constat chez les Français : consommer local et de saison aiderait énormément de commerçants tout en ayant un impact positif sur la santé.
Cette envie de consommer local et de saison n’est bien sûr pas apparue avec la crise du COVID-19, mais cette crise sanitaire a tout de même réveillé la fragilité de la mondialisation, et donc renforcé la consommation locale.
La place des exploitants agricoles dans tout ça
Une opportunité se présente donc pour les exploitants agricoles, producteurs de produits du terroir (vins, fromages, pains etc.) ou de matières premières (fruits, légumes, viandes, farines etc.) d’améliorer l’état de leurs entreprises, meurtries par les intermédiaires et le commerce de grande distribution de produits transformés.
La mondialisation en général, à un impact plutôt négatif sur le prix des productions agricoles. Pourquoi ? Car les prix sont tirés vers le bas par des pays où la production d’un même produit coûte moins cher.
De plus, la spéculation sur les matières premières telles que le blé, l’orge, le maïs ou encore le colza afflige une volatilité bien plus élevée aux prix de revente pour les agriculteurs.
En général, ce type de commerce (commerces locaux et circuit court) repose majoritairement sur le bouche-à-oreille des consommateurs locaux et atteint vite, de ce fait, une limite en termes de développement des ventes.
En plus de ça, certaines personnes peuvent être rebutées par des prix souvent plus élevés qu’en grande surface (en raison de la qualité supérieure des produits).
Augmenter les volumes de vente permet en règle générale de régler le problème de prix trop élevé. En revanche, pour augmenter son volume de ventes, une des seules solutions est de se faire connaître par plus de personnes, ou d’avoir un avantage concurrentiel significatif.
Sur ce point, les exploitant agricoles jouent presque tous dans le même cours et au même niveau. C’est là qu’arrive l’importance de la marque.
L’importance d’une marque pour développer ses ventes
Prenez deux produits similaires :
- L’un issu d’un producteur sans aucune image de marque ni communication sur son produit et sa fabrication.
- L’autre issu d’un producteur bénéficiant d’une image de marque forte, appuyée sur une communication originale sur la fabrication de ses produits et une communauté engagée.
Quel produit aura selon vous l’avantage face à une centaine de consommateurs ? Celui bénéficiant d’une forte image de marque bien sûr.
Et quand nous parlons d’image de marque, nous ne faisons pas allusion au fait de faire d’un produit de terroir une marque de grande distribution. Nous parlons ici du simple fait de partager la production des produits, les méthodes utilisées et tout ce qu’il se passe derrière le rideau avec le consommateur final.
Cela finira par former une communauté de personnes fières de soutenir un producteur local et qui partagera facilement le produit à son entourage. Tout cela est bien sûr faisable avec du bouche-à-oreille classique, mais à une échelle bien moins grande.
L’importance des réseaux sociaux pour créer une marque
Aujourd’hui, la création d’une marque se doit de passer un rite d’initiation : être présent sur les réseaux sociaux.
Cette présence est quasiment capitale, et voilà comment vous le prouver. Vous avez probablement déjà vécu cette expérience :
Vous hésitez entre 3 restaurants avec vos amis lors d’un voyage à Barcelone (ce souvenir date à coup sûr d’avant mars 2020, mais quand même 😅). Quels sont les premiers réflexes de tout le monde ?
#1 Regarder à quoi ressemblent les restaurants et leurs plats respectifs sur Instagram et Facebook.
#2 S’ils ont l’air appétissant : regarder les avis sur ces mêmes plateformes et/ou sur Yelp ou une plateforme similaire.
Si vous n’existez pas sur ces plateformes, grande seront les chances pour que les consommateurs se tournent vers une alternative. Une qu’ils peuvent trouver sur leurs plateformes favorites. On appelle cela la preuve sociale, et elle joue un grand rôle dans la confiance qu’un consommateur vous accordera.
Pour finir, un produit porté et soutenu par une communauté d’aficionados fera beaucoup plus de bruit et donnera plus envie au reste du monde.
Et quoi de mieux que les réseaux sociaux pour construire une communauté du tonnerre ?
Quelques conseils pour les exploitants désireux d’améliorer leur présence sur les réseaux sociaux :
- Partagez au maximum votre quotidien, les méthodes que vous utilisez et toutes les phases de production/cultivation/récolte/transformation etc.
Cela aura pour but de poser la confiance avec le consommateur tout en l’instruisant sur votre manière de faire. - Essayez d’interagir au maximum avec eux : incitez-les à commenter ou partager en leur posant des questions, en les invitant à en poser et surtout en y répondant.
- Trouvez un élément différenciateur sur lequel axer votre marque. Par exemple, on remarque de plus en plus d’éleveurs bovins voulant vendre leur viande en circuit court sous forme de colis de viande.
Certains peuvent se différencier par la méthode d’élevage comme le Double V Farm qui élève ses vaches à l’aide de chevaux, uniquement en prairies biologiques. Le côté “viande de cow-boy” est l’élément différenciant, en plus de fournir une viande biologique élevée dans les meilleures conditions. - Apportez un maximum de valeur sur vos réseaux sociaux.
Par exemple, un producteur de fruits pourra donner des recettes de tartes, gâteaux ou compotes à réaliser avec leurs produits. Un producteur de vin pourra lui éduquer ses clients sur la meilleure manière de marier différents vins avec les bons aliments.
Les exploitants agricoles ont donc un réel avantage à être activement présent sur les réseaux sociaux pour construire et/ou renforcer leur image de marque. Un produit banal peut y être rendu original à l’aide d’une communauté, et les produits déjà originaux bénéficieront d’encore plus de résonance.
Avez-vous déjà consommé des produits issus de circuits courts dans votre région ? Si oui, parlez-nous en dans les commentaires.
Si non, en voici quelques-uns à découvrir ainsi que des acteurs mettant le circuit court en avant :
- Double V Farm, éleveur de vaches Hereford Bio.
- Les Saisonniers, commerçants de produits de saisons en circuit court à Paris.
- Sam Cook Company, traiteur et chef à domicile utilisant des produits de saison issus du circuit court.
- Les vergers de la Gaucherie, producteur de pommes et poires à cueillir sur place dans le Berry.
- La fromagerie des Patrouillats, éleveur et producteur de fromages, yaourts et glaces en circuit court dans le Cher.