En 2018, un français sur cinq a regardé la télé autrement que ce soit en replay sur TV, sur écrans internet ou encore en VOD ou SVOD.
Julien Rosanvallon, Directeur des Départements Télévision et Internet de Médiamétrie commente : « il n’y a pas, à date, d’effet de substitution entre TV & Internet ; au contraire le numérique favorise un marché d’addition. Le numérique ne s’est pas bâti au détriment de la TV ». Une addition des opportunités de visionnage qui parfois peut tourner à l’addiction pour certaines cibles de consommateurs, particulièrement friands de vidéo.
La TV sur les écrans Internet continue sa progression
Chaque jour, 4,4 millions de personnes de 4 ans et plus, soit 7,3 % de la population, regardent la télévision sur un écran internet – ordinateur, smartphone, tablette – en live ou en replay ; c’est 10% de plus qu’il y a un an.
Pour ce faire, les Français se rendent en priorité sur les sites et applications des chaînes TV, qui représentent près de la moitié (46%) du temps passé à visionner des contenus TV sur les écrans internet. Derrière, on retrouve les agrégateurs, les plateformes vidéos gratuites et les réseaux sociaux.
En termes d’écrans, les Français privilégient de plus en plus les écrans mobiles pour regarder leurs programmes TV au détriment de l’ordinateur. Tous les jours, près de 5% d’entre eux s’en servent à cette fin.
VoD et SVoD : une croissance soutenue des usages
VoD (Video On Demand) et SVoD (Subscription Video on Demand) sont regardées au quotidien par 3,4 millions d’individus de 4 ans et plus sur l’ensemble des écrans.
Au total, les 2 pratiques ont gagné 1,2 million d’adeptes en l’espace de 6 mois seulement. Chaque utilisateur y consacre quotidiennement plus de 2h, en majorité sur l’écran de télévision.
Au global, 12,3 millions de Français (1 sur 5) regardent des programmes en replay sur téléviseur et/ou la TV sur les écrans internet et/ou pratiquent la VoD/SVoD : c’est 41% de plus qu’il y a un an.
Les enfants, champions des nouvelles pratiques
1/3 des 4-14 ans sont friands de ces nouveaux usages – replay hors téléviseur, TV sur écrans internet ou VOD/SVOD – soit 2,9 millions d’entre eux. Ce sont eux qui tirent l’ensemble de ces nouvelles pratiques vers le haut.
Et si les 4-14 ans ne représentent que 14% de la population française, plus d’un tiers des consommateurs de programmes TV hors téléviseur a moins de 15 ans.
Pour Julien Rosanvallon, plusieurs facteurs garantissent la bonne tenue des audiences :
En premier lieu, l’amélioration permanente des terminaux TV qui renforcent régulièrement l’expérience TV : taille des écrans, qualité de l’image, fonctionnalités « SmartTV », amélioration du son. Médiamétrie précise que 60,1% des foyers sont équipés de TV connectées, soit 8,2 points de plus qu’il y a 3 ans.
Ensuite, le mode de réception de la TV qui s’appuie majoritairement sur les Box des opérateurs télécom (ADSL, Fibre, Câble) et qui offre une expérience de navigation qui s’améliore régulièrement. Sans oublier l’augmentation récente et significative des chaînes de la TNT qui ont offert au public un choix élargi de près de 30 chaînes gratuites.
Enfin, le fait que près de 40% des foyers soient équipés de 4 écrans contribue aussi à la transformation de l’audience.
La mutation des usages se confirme
La consommation de la télévision évolue au rythme des innovations technologiques et de l’augmentation des débits, qu’ils soient fixes ou mobiles. Chaque jour, 44,4 millions de téléspectateurs regardent la télévision sur tous les écrans et 4,9 millions de personnes le font sur les écrans internet, ordinateurs, tablettes et smartphones.
Médiamétrie mesure précisément cette évolution : les nouveaux usages de la télévision représentent 8,7% de la durée d’écoute individuelle (DEI) en 2017 contre 6,1% en 2015, soit une évolution de 43%.
Signe des temps, la télévision recrute aussi des téléspectateurs sur internet : chaque jour, 20,1% des Français de 4 ans et plus qui ne possèdent pas de téléviseur regardent des programmes TV sur un ordinateur, un téléphone ou une tablette. Ce chiffre grimpe à 28,3% chez les 15-24 non équipés d’un téléviseur. Ce nouveau comportement et cette forte croissance est en partie rendue possible par l’apparition d’application permettant de regarder la télévision en live sur les écrans internet : Molotov évidemment, mais aussi myCanal et les applications multi-écrans des FAI qui facilitent la consommation de la TV en mobilité.
Le Replay
Le Replay s’est installé dans le paysage audiovisuel à la vitesse de la lumière. Les chiffres publiés par Médiamétrie le prouvent : 5,7 millions de téléspectateurs au quotidien pratiquent le replay, quel que soit l’écran ; ils étaient 4,6 millions en 2016. Un chiffre multiplié par 2,5 en trois ans.
Un phénoménal succès qu’on peut expliquer par deux bénéfices, un pour les chaînes et un pour les téléspectateurs :
- Pour les chaînes, le Replay complète leur audience linéaire : Médiamétrie montre que pour une série de fiction, ici Demain nous appartient, le Replay peut compter jusqu’à 25% de l’audience consolidée et plus d’un million de téléspectateurs supplémentaires. Le Replay permet même de générer de l’audience live, une véritable aubaine pour les chaînes.
- Pour les téléspectateurs, le Replay offre un confort de visionnage accru par rapport à la diffusion linéaire. Choix du moment de la journée pour consommer le programme, de sa vitesse de consommation, et du terminal font du Replay une arme de séduction très efficace.
C’est sur le téléviseur que le Replay a le plus progressé en 3 ans, en triplant de volume : 3,8 millions de téléspectateurs regardent un programme en Replay sur leur téléviseur tous les jours. En complément, ils sont 1,5 million à pratiquer le Replay sur ordinateur ( x 1,5 en 3 ans) et 1 million sur les écrans mobiles ( x 3 en 3 ans).
OTT, SVOD et Vidéo sur internet : le trio gagnant
Une des principales raisons qui a permis à la SVOD de se déployer très rapidement partout dans le monde, c’est parce que les terminaux OTT se sont déployés parallèlement à un rythme très soutenu. Médiamétrie a comptabilisé 2,9 millions de foyers équipés d’un boitier OTT, en hausse de près de 40% sur une année. Par ailleurs 20% des 15 ans et plus utilisent un service de SVOD. Enfin, 37,1% des 15 ans et plus équipés d’un boitier OTT ont accès à une offre SVOD.
Julien Rosanvallon précise : « les études qualitatives que nous réalisons le disent, ces services sont consommés sur les écrans internet, mais l’écran préféré reste celui de la TV. La question de l’ergonomie est importante et la télévision est très simple d’accès et d’usage. C’est dur de faire plus simple ! »
Un des principaux enseignements de l’étude de Médiamétrie est de remettre en perspective les usages SVOD face aux usages de la télévision. La SVOD connaît une croissance soutenue en France : on parle de plus de 2 millions d’abonnés pour Netflix et près de 2,7 millions d’utilisateurs quotidiens de la SVOD selon le Baromètre NPA-Harris interactive.
Chez les 15 ans et plus, 97,7% des personnes regardent les programmes TV sur les 4 écrans ; la part de la SVOD est de 2,3%. Chez les accédants à la SVOD de 15 ans et plus, la part de la SVOD grimpe à 8,5%. Ce qui veut dire que 91,5% des Français regardent les programmes TV sur 4 écrans.
Julien Rosanvallon explique : « en moyenne, les accédants à la SVOD consomment l’équivalent d’une saison de 12 épisodes de 52 minutes par mois. »
Si bien qu’aujourd’hui, 91% du temps TV et vidéo quotidien des Français de 15 ans et plus est consacré à regarder des programmes TV : 83% regardent la télévision en live, 8% du temps est consacré aux nouveaux usages (Replay, Différé et Live sur les autres écrans) ; 7% aux autres vidéos sur internet (Youtube, etc) et seulement 2% à la VOD et à la SVOD.
Le vrai changement de comportement, c’est chez les 15-24 ans qu’il se produit : ils ne consacrent que 53% de leur temps à la TV live, 15% aux nouveaux usages, 24% aux vidéos sur internet et 8% à la VOD et à la SVOD.
La fiction française pour contrer les GAFA ?
Julien Rosanvallon conclut : « On constate que la donne change sur la cible 15-24 ans. Mais est-ce que cette génération est représentative des consommations futures de la télévision ? Aucune certitude, cela relève de la boule de cristal. Il est utile de rappeler que les jeunes ont toujours eu une consommation de la télévision différente de celle de leurs aînés. L’accès à la télécommande est moins simple pour eux, le choix des programmes ne leur appartient pas. Internet leur offre une liberté nouvelle. »
En attendant que les jeunes reviennent vers la TV linéaire (peu probable), les chaînes sont toujours à la recherche de la solution miracle pour riposter aux plateformes vidéo OTT : le Replay et le renouveau de la fiction française sont sans doute un début de réponse qui ne suffira pas. Il faut s’attendre à découvrir de nouvelles méthodes pour viendront contrer ce phénomène grandissant.
Sources:
https://www.01net.com/actualites/lancement-de-netflix-c-est-quoi-la-svod-au-fait-626714.html