L’e‑sport n’est plus seulement une discipline compétitive : c’est devenu un écosystème marketing robuste, capable d’attirer des marques jusqu’alors étrangères à l’univers du gaming. Que ce soit via des partenariats avec des clubs e‑sport emblématiques ou des collaborations stratégiques sur le long terme, des acteurs généralistes cherchent aujourd’hui à s’intégrer dans les communautés e‑sportives pour toucher les jeunes générations, créer du contenu à forte valeur ajoutée et établir des relations durables avec des audiences hyper‑engagées.
I. Team Vitality & Adidas : le sport traditionnel rencontre l’e‑sport

L’un des premiers grands exemples de collaboration entre une marque non‑endémique et une équipe e‑sport en Europe est Adidas avec Team Vitality. En 2017, Adidas a lancé un partenariat avec l’équipe française de Team Vitality, devenant ainsi l’un des premiers sponsors sportifs traditionnels à s’immerger dans l’e‑sport européen.
Cette alliance a dépassé le simple placement de logos : Adidas a fourni les maillots officiels de l’équipe, mêlant branding lifestyle et identité e‑sport. L’objectif pour Adidas était double :
- Renforcer sa présence auprès des jeunes générations qui consomment du contenu e‑sport.
- Positionner la marque comme légitime à la croisée du sport traditionnel et du gaming, plutôt qu’en simple sponsor extérieur.
L’impact se mesure notamment via les ventes de maillots et de produits dérivés, qui ont atteint des volumes similaires à ceux d’un club du Top 10 de Ligue 1, démontrant l’intérêt économique de ce type de collaboration.
(source : News Tank Football)
II. Karmine Corp & Orange : une stratégie d’intégration communautaire

La Karmine Corp est devenue, en quelques années, une des organisations les plus influentes du paysage e‑sport européen et ce n’est pas un hasard si des marques non‑endémiques comme Orange y ont vu une opportunité marketing majeure.
Depuis 2022, Orange est partenaire majeur de la Karmine Corp, et même sponsor principal des maillots officiels de l’équipe. Cette collaboration a été pensée non pas comme un simple placement, mais comme un élément actif de la communication de KCorp, intégré à ses contenus, événements et activations communautaires.
Ce type d’approche répond à une problématique que connaît toute marque non‑endémique entrant dans l’e‑sport : comment être pertinente sans trahir les codes de la communauté ? L’opérateur télécom a choisi une intégration progressive, basée sur le soutien réel à la structure, plutôt que sur une intrusion superficielle.
L’approche d’Orange se définit par :
- Présence sur les maillots officiels, visible dans toutes les compétitions majeures du club.
- Contenu co‑créé avec la structure et les créateurs de contenu, visant à toucher les communautés via les bonnes plateformes (Twitch, Instagram, Discord, etc.)
Les retombées d’un tel partenariat ne se limitent donc pas à l’exposition visuelle : elles se traduisent par un engagement communautaire plus fort, essentiel pour tout annonceur souhaitant s’implanter dans l’e‑sport.
III. Fnatic & BMW : performance, technologie et engagement global

Un autre cas emblématique est celui de Fnatic x BMW, une collaboration qui illustre bien la stratégie de marques globales entrant dans l’e‑sport avec une vision holistique plutôt que purement commerciale.
BMW, via son initiative United in Rivalry, s’est associé à plusieurs des plus grandes équipes e‑sport mondiales, dont Fnatic, pour développer des projets autour de la performance et de la technologie.
L’exemple le plus notable est la BMW x Fnatic Esports Performance Facility à Berlin — une infrastructure pensée pour optimiser la préparation des joueurs pro via des technologies innovantes, une salle de contenu, un simulateur, et même un espace dédié à la santé et à la récupération.
Ce type de partenariat dépasse la simple présence de marque : il contribue directement à la performance de l’équipe et à la création de contenus de haute valeur (visites, coulisses, formats exclusifs), ce qui génère une adhésion plus profonde de la communauté via un impact réel sur le sport lui‑même.
IV. Analyse critique : ce que ces collaborations révèlent
Ces trois exemples montrent que les marques non‑endémiques ne viennent plus “acheter de la visibilité”, mais cherchent à :
- S’intégrer au storytelling des équipes (Adidas et Team Vitality).
- Créer de l’expérience et du contenu pertinent (Orange avec Karmine Corp).
- Investir dans les capacités même des clubs (BMW et Fnatic).
C’est cette qualité d’intégration qui fait qu’une activation est bien perçue par les jeunes audiences : elle doit être cohérente avec l’identité de l’équipe, respecter la culture de la communauté, et apporter quelque chose de tangible à l’e‑sport.
On observe aussi une tendance où les marques cherchent des collaborations à long terme, plutôt que des campagnes ponctuelles, ce qui montre que l’e‑sport est désormais vu comme un pilier stratégique de communication, et non un simple support publicitaire.
Conclusion
Les collaborations entre équipes e‑sport et marques non‑endémiques comme Adidas, Orange ou BMW montrent que ce marché en pleine expansion est non seulement attractif, mais aussi mature, capable d’accueillir des marques venant de secteurs variés. Ce qui compte aujourd’hui n’est plus d’être juste “présent” dans l’e‑sport, mais d’être pertinent, cohérent et engagé auprès des communautés.
Ces alliances montrent qu’une stratégie e‑sport réussie repose sur trois leviers principaux :
- la création de valeur partagée
- l’engagement communautaire
- l’alignement culturel avec l’univers du gaming

