Les GAFA dans le collimateur de l’UE après des précédents d’interférences électorales
Du 23 au 26 mai auront lieu les élections européennes : 500 millions de citoyens européens seront appelés à se rendre aux urnes pour élire les quelques 705 députés du Parlement européen. Alors que Google, Facebook et Twitter avaient été facilitateurs des interférences russes dans les élections présidentielles américaines de 2016, la Commission européenne a mis la pression aux plateformes fin avril pour que celles-ci intensifient leurs efforts de lutte contre la désinformation. De leurs côtés, éclaboussés ces dernières années par divers scandales (on pense notamment à l’affaire Cambridge Analytica, mais aussi la condamnation de Google à payer une amende de 4.3 milliards d’euros pour abus de position dominante) les géants du net sont fortement encouragées à montrer patte blanche.
Code de bonnes pratiques contre la désinformation en ligne
Ainsi à l’automne dernier, des représentants des plateformes en ligne (et du secteur publicitaire) ont remis à la commissaire chargée de l’économie et de la société numériques Mariya Gabriel diverses feuilles de route pour la mise en oeuvre du “code des bonnes pratiques contre la désinformation en ligne” adopté le 26 septembre. Parmi les mesureses présentées dans ces feuilles de route se trouvaient notamment la transparence des publicités à caractère politique et une intensification de la coopération avec les “fact checkers”.
Des publicités passées au crible
Le 29 mars, Facebook a officiellement lancé ses outils destinés à un meilleurs contrôle des social ads politiques. Si la publicité pour un parti politique est interdite en France pendant les périodes d’élections, la législation varie énormément d’un pays à un autre. Dans les pays où celle-ci est autorisée, les partis et les candidats qui souhaiteront s’en servir devront passer par plusieurs étapes d’authentification. Ils devront notamment prouver qu’ils sont domiciliés dans l’Union européenne. Par ailleurs, le montant dépensé pour la sponsorisation de la publicité sera visible par les utilisateurs, ainsi que le nombre d’internautes ayant consulté la publication. De plus, toute publicité politique sera conservée dans une base d’archives, la “Ad Library” pendant sept ans. Des mesures semblables ont été prises par Google pour lutter contre les “dark ads”, des publicités politiques archi-ciblées et donc difficilement détectables. Ainsi, tous les annonceurs politiques devront être identifiés, procédure qui demandera entre trois et cinq jours.
Facebook à l’assaut des fake news
Alors que 28% des français (toutes catégories d’âge confondues) s’informent en priorité via les réseaux sociaux, il semble impératif de lutter contre la diffusion des fake news, ces fausses informations largement diffusées dans le but d’influencer l’opinion sur des sujets politiques. Selon une étude de la fondation Jean-Jaurès et Conspiracy Watch réalisée par l’Ifop, les réseaux sociaux sont la source d’information privilégiée des personnes qui adhèrent aux théories du complot : 46% d’entre elles affirment qu’elles s’y informent prioritairement, alors que les personnes qui n’y croient pas du tout ne sont que 24% à choisir ces plateformes pour s’informer. Attention toutefois : la corrélation n’induisant pas nécessairement un lien de cause à effet.
Pour lutter contre la diffusion des fake news, Facebook a inauguré le 10 avril “Click Gap”, nouvel algorithme dont le but est d’évaluer l’authenticité et la valeur d’un site, et d’en réduire la visibilité si celui-ci est jugé peu fiable. Similaire au Page Rank de Google, il se base sur le nombre de liens entrant et sortant d’une page. Ainsi, un site dont les articles seront massivement partagés sur la plateforme mais dont les contenus ne seront que très peu référencés ailleurs sur le web verra son reach diminuer drastiquement. L’objectif de cette manoeuvre est de minimiser la visibilité des sites optimisant leurs contenus pour être très partagés sur les réseaux sociaux mais n’étant pas reconnus comme des sources fiables.
Une fonctionnalité spéciale sur Twitter
Le 29 avril, Twitter a mis en place une option supplémentaire de signalement des Tweets. Cette option permet de signaler un tweet qui “induirait une erreur pour le vote”, d’après Siècle digital. Cette option permet de fournir des informations précises sur la raison du signalement.
Des résultats en demi teinte
Malgré ces mesures, la commission européenne a enjoint les plateformes à faire “plus et plus vite”. Celle-ci produit un rapport mensuel détaillé portant sur le travail des GAFA sur le sujet. Bien que les mesures mises en place par les géants du net aient été saluées par la Commission, celle-ci a jugé qu’elles étaient encore insuffisantes. L’exécutif européen déclarait dans une tribune datant de fin février et parue dans Les Echos « En dépit de certains progrès, la situation ne s’améliore pas, et l’absence de résultats chiffrés est particulièrement préoccupante. »