Le marché de l’occasion se porte bien, très bien même. Avec un chiffre d’affaires mondial estimé à plus de 50 milliards d’euros d’ici 2023, il connaît en France et dans le monde une croissance continue, notamment portée par le web. Tour d’horizon de ce marché qui ne cesse de prendre de l’ampleur.
C’est la crise économique de 2008 qui aura démocratisé l’achat de seconde main, mais celle du Covid n’aura fait que l’amplifier. En 2020, le marché de l’occasion a atteint les 7,4 milliards d’euros de chiffres d’affaires (XERFI), et le phénomène touche tous les secteurs : décoration, ameublement, high-tech, livre, automobile… D’après une étude menée par Foxintelligence, le marché de l’occasion en ligne représenterait 9% des achats non-alimentaires en 2020, contre 3% en 2017, et un cyberacheteur sur trois aurait effectué un achat d’occasion en 2020.
Selon les prévisions de l’institut d’études XERFI, l’habillement et le luxe sont les secteurs qui devraient tirer le marché dans les années à venir. Pas étonnant, lorsque l’on sait que rien qu’en 2020, la vente de vêtements d’occasion représentait pas moins d’1 milliard d’euros de chiffre d’affaires et que la part de marché de la plateforme Vinted a augmenté de 33 points entre 2017 et 2020, passant de 14% à 47%, suivi de près dans le classement pas Backmarket et Leboncoin.
Exit brocantes, marchés aux puces et autres friperies, l’achat d’occasion s’effectue désormais en ligne, en témoigne les résultats de l’étude XERFI : En 2020, plus de la moitié des ventes d’occasion provenaient du web. L’achat de seconde-main est à présent bien installé dans les habitudes de consommation des Français et connaît une nouvelle vie grâce au digital.
Mais alors, qu’est-ce qui pousse les consommateurs à se tourner vers l’occasion ?
Le marché de l’occasion est devenu une question que nous nous posons quotidiennement : quelle est la motivation ? Une vie plus durable, une motivation écologique, une grande différence de prix et surtout une grande évolution commerciale.
Des raisons économiques, sans aucun doute, surtout en période de crise, où le pouvoir d’achat se retrouve impacté. Acheter de la seconde main est alors un moyen pour les ménages de continuer à se faire plaisir sans casser la tirelire. C’est en tout cas pour les prix réduits que 86% des Français se tournent vers l’occasion, selon une étude menée par ONEY.
Au-delà d’être plus économique, l’occasion est même pour certains consommateurs plutôt rentable, et serait auprès des jeunes un vrai complément de revenus : En effet, les répondants de l’étude estiment avoir gagné en moyenne 206 € en un an grâce à la revente d’articles. Une autre étude de l’Observatoire Cetelem, sortie début 2022 affirme quant à elle que la seconde main permet aux français de toucher 67 euros en moyenne par mois.
En plus de permettre de faire des économies, voire des bénéfices, de nombreux français se tournent également vers le marché de l’occasion pour répondre à des préoccupations écologiques et environnementales. Pour les ménages, acheter d’occasion est l’opportunité de penser à la planète, de prendre soin de l’environnement dans lequel nous vivons.
La crise du Covid actuelle a aussi contribué aux changements de mentalité et notre consommation de masse a révélé son vrai visage. La crise nous a fait nous demander ce dont nous avons vraiment besoin, et lorsque nous avons le désir d’acheter quelque chose, est-ce c’est parce que nous en avons vraiment besoin ? Le confinement a été un moment crucial pour nous tous, nous avons réalisé que nous n’avions besoin que de l’essentiel pour vivre et que même si nous avions tout, nous ne pouvions pas l’utiliser, car nous devions rester à la maison. C’est à ce moment-là que beaucoup de personnes ont commencé à acheter en toute conscience et à penser qu’il existe des objets en bon état qui peuvent être réutilisés ou avoir une seconde vie.
Quelles opportunités pour les marques ?
La volonté des consommateurs de se tourner vers le marché de l’occasion, qu’il s’agisse pour des raisons économiques ou écologiques, représente donc une véritable aubaine pour les marques. Et certaines l’ont d’ailleurs bien compris !
Leboncoin, Backmarket, Vestiaire Collective, Vinted… On ne présente plus les nombreuses plateformes de revente d’objets usagés, dont le succès ne se dément pas. Rappelons tout de même pour bien saisir l’ampleur du phénomène, que le roi de la fripe Vinted réalisait en 2019 un chiffre d’affaires entre 700 et 800 millions d’euros, rien qu’en France. On l’aura ainsi compris, le secteur de la mode de seconde-main est un créneau très porteur et le succès de ces différentes plateformes donne envie aux enseignes traditionnelles de s’y mettre.
Pour preuve, La Redoute a lancé en février 2021 La Reboucle, sa nouvelle plateforme de revente entre particuliers. Mais c’est également le cas de Zalando, Seconde main par Kiabi, CDiscount Occasion ou encore Pic’Occaz par PicWicToys. Il est désormais même possible d’acheter des produits d’occasion chez les géants Auchan et E. Leclerc, au sein de corner spécialisés.
Même le réseau social Facebook a compris il y a quelques années l’opportunité que le marché d’occasion représentait, en lançant en 2017 son propre marketplace. Pas étonnant lorsque l’on sait que chaque ménage français aurait potentiellement entre 1 300 et 1400 € d’objets inutilisés à revendre.
En clair, le marché de l’occasion semble avoir réussi à se réinventer ces dernières années, notamment grâce au digital. Sa croissance, portée par l’habillement, le luxe et les jeunes consommateurs, offre de nouvelles perspectives aux marques et ces dernières doivent ainsi apprendre à s’adapter afin de tirer leur épingle du jeu.
Crédits images : Clem Onojeghuo via Unsplash.com & Infographie Foxintelligence