Après avoir constaté que le parcours d’achat d’un cinéphile pouvait être des plus imprévisibles (lien article) une autre ombre vient s’ajouter au tableau. Avec la montée en puissance des plateformes de streaming il serait justifier de croire que de moins en moins de personne se déplace en salle. En effet, lorsque l’on voit la place qu’a pu prendre Netflix sur le marché du streaming en l’espace de quelques années et quand on sait que des mastodontes tels que Youtube, Facebook, Disney, Amazon etc… sont également présents ou bien le seront très prochainement il y a de quoi s’inquiéter pour l’avenir du cinéma. Bien que la concurrence n’ait jamais été aussi rude qu’elle ne l’est que maintenant les possibilités d’exister aux yeux du public n’ont jamais été aussi nombreuses qu’aujourd’hui.
On retiendra donc que malgré l’explosion de la concurrence digital le cinéma reste solide à l’image de l’année 2016 qui enregistrait le deuxième plus grand nombre d’entrées durant ces 50 dernières années.
Avant la domination de l’ère numérique, et d’un point de vu publicitaire, le cinéma avait à son encontre un grand désavantage : l’interdiction de diffuser une bande annonce ou teaser à la télévision. Une campagne publicitaire en cinéma reposait donc essentiellement sur du print, les critiques de presses ainsi que des moyens détournés pour avoir de la visibilité en télévision. Avec l’arrivée des réseaux sociaux n’importe qui peut se mettre dans la peau d’un critique, le spectateur n’a jamais été aussi important qu’il ne l’est maintenant.
INTERAGIR AVEC LE SPECTATEUR
Utilisé de manière inventive les
réseaux sociaux sont une occasion de pouvoir faire interagir le spectateur
directement avec l’univers d’un film. En effet, quoi de mieux avant d’aller
voir un film que de pouvoir incarner un des personnages dans un jeu ? A l’image
de Disney France qui pour la sortie de Rogue
One : A Star Wars Story en 2016 qui avait créé un bot pour Facebook
Messenger offrant à la france la première expérience de jeu digital dans le
cadre d’une campagne promotionnelle (Ready Player One s’essayera ensuite à l’exercice
avec la VR) .
Le Chatbot définissait le profil de l’internaute avant de le faire entrer dans
un jeu pour lui faire prendre part à la bataille. Afin de s’assurer de la bonne
propagation de l’opération le joueur pouvait inviter ses amis à rejoindre la
partie afin de le libérer en cas de capture. Une opération engendrant 4 864 831
d’entrées sur le sol français (chiffre allociné) .
On retiendra également l’ingénieuse opération menée par l’équipe marketing du film Nightcrawler (2014) qui avait créé un profil linkedin du personnage principal. Quelques jours avant la sortie du film plusieurs personnalités influentes des médias dont les critiques américain, voyaient apparaître une demande de connexion de la part de Lou Bloom (personnage principal). Une façon inventive de donner un avant goût de l’atmosphère que peut dégager l’œuvre. En effet, le profil du personnage en dit bien plus que n’importe quelle bande annonce sur ce qu’est le Nightctawler. Un film salué par la critique avec une campagne inventive mais trop discrète, il n’aura cumulé que 284 726 entrées en France.
PLUS VRAI QUE NATURE
A l’heure où la vidéo est le format le plus performant auprès des internautes, les campagnes cinéma devraient s’imposer et sortir du lot de part leur créativité et leur sens de la mise en scène. Pour que la promotion d’un film soit un succès le spectateur doit être sollicité, l’espace de quelques minutes il soit se sentir aspiré dans un tout autre univers. Un concept très bien compris par les équipes du film Carrie qui pour la promotion du remake sorti en 2013 ont bien fait flipper les clients d’un coffee shop à l’aide d’acteurs et d’une mise en scène très convaincante. Une vidéo très vite devenue virale et vu un peu plus de 70 000 000 de fois sur Youtube. Belle promo.
Au-delà du digital les moyens dit plus conventionnel afin d’accroître sa visibilité reste tout aussi efficace. Les partenariats, encore très utilisés ces dernières où une production va s’associer à un artiste avec un univers semblable à celui du film peu donner une autre dimension à une campagne. A l’image de Black Panther qui s’était associé à Kendrick Lamar. Un artiste répondant parfaitement à ce que voulait dégager le film, s’étant occupé de toute la bande original de l’œuvre on pouvait difficilement dissocier l’un de l’autre. Quand on entendait une chanson de Kendrick Lamar on pensait à Black Panther et inversement lorsque l’on visionnait le film. De nombreuses productions s’était également essayé à cet exercice (Venom, Brice 3)
Une campagne publicitaire se démarque des autres de part son originalité, sa qualité et la pertinence de son contenu. Elle doit refléter la créativité qui est un des fondements de ce milieu. Le spectateur peut être assez imprévisible et spontané et pour avoir un maximum de chance de le toucher il faut le prendre à parti lorsqu’il s’y attendra le moins.