La grande question qui subsiste est : » Quelle régulation pour le métavers ? «
Le métavers apparaît comme un nouvel espace à conquérir digne d’un Eldorado virtuel. Néanmoins, nous commençons à nous interroger sur la manière dont il doit être régulé afin d’éviter qu’il y règne la loi du plus fort et tout débordement touchant de l’ordre de l’éthique, de la morale, du psychologique et du juridique.
En effet, comme le dit l’adage romain, « ubi societas ibi jus » : dans toute société il y a du droit.
Le métavers détient de facto une relative autonomie juridique.
Le 8 février 2022, la vice-présidente exécutive de la Commission européenne chargée de l’Europe préparée à l’ère numérique” a expliqué, selon l’agence Reuters, vouloir mieux comprendre le métavers afin de décider des mesures pour le réguler :
« The metaverse is here already. So of course we start analysing what will be the role for our legislature » [Le metaverse est déjà là. Nous pouvons donc commencer à analyser le futur rôle de notre législature, a déclaré Margrethe Vestager.
Il est important dans ce cadre, de protéger l’entreprise et l’utilisateur de n’importe quelle déviance. Qu’il s’agisse de morale, d’éthique, de psychologie, de droit de propriété, de propriété intellectuelle, … Le métavers est à bâtir en tous points.
Des solutions existent d’ores et déjà et nous allons les aborder.
Les problématiques du métavers sont nombreuses et vous place dans une position délicate en tant qu’entreprise mais aussi qu’utilisateur. Vous voulez vous y engager mais vous ne savez pas comment l’aborder et surtout comment vous protéger. Il est encore tôt pour pouvoir ériger avec exactitude toutes les possibilités et solutions de sécurité dans le métavers. Les « règles », afin d’avoir un environnement sain, ne sont pas totalement établies. Nous avons cherché à y voir plus clair afin de vous offrir des éléments de réponse. Cependant, gardez à l’esprit que nous sommes aux prémices de ce monde et que les éléments présentés dans cet article peuvent évoluer, voir changer. Si vous songez sérieusement à vous lancer soyez à l’affût des nouveautés et comme nous vous l’avions conseillé , planifiez, établissez votre stratégie en connaissance de cause.
Jusqu’à présent nous vous avons dépeint un métavers plutôt idyllique et souhaitons donc vous exposer les risques de ce nouveau monde. Vous donner tous les éléments afin que vous, jeune padawan du web3.0, soyez prêt.
Actuellement, en tant qu’entreprise, qu’il s’agisse d’accessibilité, confidentialité, sécurité des données ou brand safety, vous savez que vous êtes protégé. Vous savez soigner votre image de marque (brand safety) en faisant de la veille, prêtant attention à vos prises de parole sur internet, etc. En termes de publicité, vous pouvez contrôler votre cadre de diffusion. Afin de pouvoir garantir la diffusion de votre pub au bon endroit, à la bonne personne et qu’elle ne se retrouve pas aux côtés de sujets controversés ou inappropriés, différentes technologies sont à votre disposition. Une fois de plus, votre brand safety est assurée, de même que la suitability. Et si nous allons plus loin, l’ad fraud fait également partie des procédés et solutions existantes.
Concernant la sécurité des données, la CNIL assure une veille et contrôle les usages informatiques afin qu’ils demeurent en conformité avec la loi française et RGPD. L’internet tel qu’on le connaît aujourd’hui, offre donc un environnement “secure” pour les entreprises et consommateurs.
Mais pour le métavers, c’est une autre histoire.
La première chose à noter au sujet du métavers, est d’éviter de penser façon web2.0 et d’imaginer pouvoir l’aborder avec des outils classiques. Vous devrez jouer un rôle actif pour garantir une empreinte numérique sûre.
Voici, selon nous les meilleures façons d’y parvenir :
SOMMAIRE
I . PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE
Comment être certain que votre univers, votre logo, votre identité de marque, vos créations artistiques, etc, ne se retrouve pas dans un métavers ou plusieurs métavers sans que vous en soyez à l’origine ?
L’interopérabilité est une caractéristique importante : les consommateurs auront ainsi la possibilité de se déplacer et transporter avec eux des objets virtuels d’une plateforme à une autre.
« L’interopérabilité est ainsi un terme informatique désignant des systèmes capables de s’adapter et de collaborer avec d’autres systèmes indépendants déjà existants ou encore à créer. Synonyme de compatibilité, cette capacité permet de faciliter la création d’un réseau et le transfert de données provenant de programmes différents.«
Dans le monde réel, c’est déjà le cas, un consommateur peut acheter un vêtement, ou tout autre objet, puis le porter, l’utiliser à de multiples reprises et endroits. Dans le métavers, il en est donc de même, les achats de biens et services virtuels pourraient être utilisés dans de nombreux espaces.
C’est ainsi que vous devez envisager des stratégies de propriété intellectuelle (PI) pour tirer parti des modèles commerciaux du métavers.
Il est peut-être évident que la propriété intellectuelle regroupe plusieurs catégories mais pour rappel « elle comprend la propriété industrielle, ainsi que la propriété littéraire et artistique. La propriété industrielle a plus spécifiquement pour objet la protection et la valorisation des inventions, des innovations et des créations ».
Ainsi, les actifs de propriété intellectuelle que vous devrez protéger dans le métavers pourront aller du contenu protégé par le droit d’auteur (créations graphiques, sonores, audiovisuelles, etc), aux logos, slogans, habillages**, conceptions commerciales**.
**(protégés par le biais d’un brevet de conception et en vertu du droit d’auteur).
Vous devrez ajouter à cela la prise en compte de la territorialité des licences. Etant donné que les titres de propriété intellectuelle sont déterminés par pays, il sera important de vous tenir au courant des mesures établies pour le métavers. Nous ne savons pas encore s’il sera considéré comme un même et unique territoire ou divisé juridiquement.
Pensez aussi à la contrefaçon. Malheureusement, il y a déjà eu des cas, notamment le scandale du sac Birkin d’Hermès plagié par Mason Rothschild. Pour le moment c’est un point en construction et de nouveaux procédés technologiques devraient voir le jour afin de réduire et punir les contrefaçons. Un outil blockchain permettant de vérifier l’authenticité des produits vendus, ainsi que tracer les contrefacteurs serait actuellement à la programmation, restez à l’affût !
Vous devrez donc procéder à une analyse approfondie de ce monde virtuel où l’accompagnement par un conseiller en propriété intellectuelle se montre nécessaire et ce, que vous soyez une entreprise ou un créateur indépendant.
Également, même si cela peut sembler logique un budget relatif à la sécurité de façon globale sera à mettre en place. Parmi les solutions abordées dans cet article, entreprise ou utilisateur/créateur devront prendre en compte que certaines, à terme, pourront être payantes.
II . DROIT DE PROPRIÉTÉ
L’UTILISATION DE CONTRATS INTELLIGENTS & PORTEFEUILLES/COFFRES NUMÉRIQUES
Il s’agit de contrats numériques stockés dans une blockchain et programmés afin d’être automatiquement exécutés lorsque les conditions générales prédéterminées sont remplies. Si les conditions sont transgressées de quelque manière que ce soit, le contrat ne s’exécute pas. Vous pouvez donc utiliser les contrats intelligents pour établir des règles. Cela pourrait être une règle d’admission à un espace virtuel. Par exemple, vous pouvez mettre la demande d’un niveau de comportement attendu par les autres utilisateurs ou toute autre règle aidant au bon fonctionnement de cet espace. Nous pouvons déjà l’observer lors de la vente de NFT, où chaque acheteur doit remplir des conditions obligatoires. On pourrait également les utiliser pour la simple diffusion publicitaire afin de contribuer à la brand safety.
En plus de cela, il faudra bien évidemment penser à protéger vos biens numériques, de la simple diffusion publicitaire à la vente/achat de produits numériques, cela inclut forcément une monétisation au sein même du métavers. Il existe différents types de « Metaverse Wallet » ou portefeuille numérique. Ne pas avoir recours à la crypto-monnaie et portefeuilles numériques n’est pas réellement envisageable, cela complique la procédure NFT et sans portefeuille, votre crypto-monnaie n’est pas protégée. A noter, qu’ici nous conseillons à minima de disposer d’un wallet mais pour protéger vos NFT de grandes valeurs, un coffre-fort numérique sera fortement recommandé. [Plus d’infos sur les NFT → #TEAMNFT28]
En utilisant des portefeuilles / coffres numériques et contrats intelligents, vous pouvez donc assurer la sécurité de vos biens ainsi que votre marque, mais aussi protéger vos consommateurs et leur garantir une expérience client positive.
Bien évidemment, il serait important en tant qu’entreprise de vous entourer d’experts afin de mettre en place votre sécurité de façon optimale et d’éviter les embûches.
La question de la protection des biens numériques se pose également pour les utilisateurs.
Son caractère est certes obligatoire au développement même d’une société dans le métavers, néanmoins les moyens et infrastructures que les entreprises ont à leur disposition est considérable comparé aux utilisateurs lambdas.
Il serait donc important de démocratiser et rendre accessible la compréhension de ces outils.
Éduquer l’ensemble des utilisateurs pour qu’ils puissent protéger leurs achats et jouir de la propriété de ces biens virtuels en toute tranquillité.
Dans le métavers, les activités sanctionnables resteront condamnées mais comme pour toute nouvelle technologie la fraude, les violations des droits de propriété planeront toujours.
Informer c’est anticiper, éviter d’éventuelles escroqueries et/ou autres dommages.
C’est un point primordial pour tous.
III . SECURITE DES DONNEES & CONSORTIUM OASIS
Comme vous le savez, en Europe nous pouvons compter surle RGPD afin de régir et protéger la sécurité des données.
Pour rappel :
Il est donc légitime de se demander si le métavers pourra assurer cette sécurité et sous quelle forme ?
Le Web 2.0, ayant eu de nombreux déboires à ce sujet, en négligeant trop souvent la confidentialité des données, a laissé en mémoire quelques scandales, entachant l’image des GAMAM* aux yeux du grand public.
*(Google, Apple, Meta, Amazon, Microsoft).
Un règlement de protection des données tel que le RGPD doit être adopté.
Même s’il semble difficile voire utopique, une telle démarche juridique et étatique doit être faite à l’échelle mondiale. Elle serait nécessaire à un équilibre global et faciliterait la gestion de ce nouveau monde, offrant ainsi aux entreprises et utilisateurs une structure durable.
En 2020, un groupe de sociétés s’est réuni afin de former le Consortium Oasis.
Cet organisme à but non lucratif se consacre à la promotion de normes éthiques communes pour Internet (ainsi que le métavers naissant) afin d’offrir un modèle de durabilité numérique à adopter par les entreprises. En moins de deux ans, le Consortium est devenu un organisme de référence et pourrait aider la mise en place de ce nouveau monde.
Aujourd’hui, l’organisation comprend des dirigeants de nombreuses grandes entreprises et organisations telles que Roblox, Pandora, Dentsu, IAB, Wildlife Studios, The Meet Group, Grindr et d’autres que vous pouvez retrouver sur leur site web.
Tiffany Xingyu Wang, présidente et co-fondatrice d’Oasis, a créé cette organisation afin de rassembler des leaders d’opinion. Dès 2021, le groupe avait déjà publié une proposition de « normes de sécurité pour les utilisateurs » (que vous pouvez télécharger → ici ).
Ces lignes directrices, fruit de nombreux échanges avec des professionnels des jeux et applications sociales, sont les premières pierres à l’édifice.
Elles vous aideront à construire votre sécurité et celle de vos consommateurs, élever votre société et la préparer au métavers.
Il vous est conseillé notamment :
▪ D’assurer le recrutement de responsables de la sécurité représentatifs et exemplaires,
▪ Définir avec soin vos objectifs de sécurité et de modération du contenu,
▪ Protéger et améliorer le bien-être de votre équipe (modérateurs et autres employés étant exposés au pire de l’internet),
▪ Planifier la sécurité des utilisateurs de manière proactive et non réactive en veillant à l’intégration des dernières recherches en matière de lutte contre la « toxicité d’internet ».
▪ Préparer la certification pour obtenir le sceau Oasis Digital « Sustainability in User Safety seal » (bientôt disponible).
En outre, vous devez savoir que le Consortium Oasis travaille actuellement à la création d’un système de notation afin que le public sache où se situe une entreprise en matière de sécurité à l’instar des étoiles sur Google, Tripadvisor, et autre système de notation/avis. Le public pourra se faire une idée de votre entreprise.
Le Consortium Oasis se montre d’une aide précieuse au métavers en lui offrant une réelle possibilité de stabilité ainsi que de continuité. En guidant les entreprises pour le bien être de leur utilisateurs et venant soutenir les futurs mises en place de réglementation juridique, il sera un incontournable en termes de sécurité.
IV . CONTRÔLE COMMUNAUTAIRE
De nombreux articles retracent les différents aspects dangereux du métavers. Les discours de haine ont été l’une des principales raisons de son introduction au grand public.
Vous avez peut-être entendu parler, à titre d’exemple, de l’affaire NFT de McDonald’s.
La société, qui célébrait le succès de la sortie de sa collection McRib NFT, a rapidement déchanté découvrant une insulte raciale cachée en parcourant le contrat intelligent.
Même les plus puissants ne sont pas à l’abri de défaveur dans ce nouvel univers et McDonald’s n’est pas un cas isolé.
Des groupes de réflexion ont déclaré que les différentes plateformes pourraient utiliser la surveillance de la communauté et les contrats intelligents pour empêcher ces événements. Puisque les espaces sont gérés par la communauté, il pourrait en effet être intéressant d’y avoir recours.
Malgré cet effort de groupe, la mise en pratique de cette solution s’est avérée pour le moment instable. Pour exemple, il n’y a pas eu assez de votes au sein de la communauté de Decentraland pour interdire l’utilisation du mot « Hitler » dans un nom d’utilisateur. Bien évidemment cela inquiète, mais n’est pas une fin en soi. Comme vous le savez, il est impossible de supprimer complètement la violence, la haine et autres contenus négatifs d’Internet, qu’il s’agisse de l’actuel ou du futur. Néanmoins, nous pouvons limiter cela et le métavers serait une excellente façon d’y parvenir. Le pouvoir du contrôle communautaire peut fonctionner et il serait intéressant d’observer dans les mois à venir si cette solution s’avère pérenne.
Elle peut donc être utile aux entreprises et aux utilisateurs qui peuvent s’épauler, se protéger entre eux. En complément, des modérateurs humains, soutenus par l’Intelligence Artificielle, pourraient être envisagés. Complexe à mettre en place car cela implique de surveiller et contrôler des milliards d’interactions simultanées, cette option reste tout de même dans la liste des possibilités et viendrait renforcer le contrôle communautaire.
V . DU JURIDIQUE A LA PSYCHOLOGIE
Les expériences que la morale réprouve sont-elles acceptables dans le métavers ?
Bien sûr que non !
Le métavers ouvre en effet la possibilité à la réalisation de certains fantasmes. Parmi ces derniers, certains pourraient être moralement répréhensibles et soulever des questions éthiques et juridiques nouvelles. Comment réagir devant des comportements virtuels déviants ? Y aura-t-il une « police » du métavers chargée de poursuivre les délinquants du monde virtuel ?
Si ces questions sont à l’ordre du jour, nous pensons évidemment à la première agression sexuelle sur le métavers de META “ Horizon Worlds” en Décembre 2021 et relayée par la presse. Nina Jane Patel, vice-présidente d’une entreprise dans le domaine des expériences immersives, testeuse du métavers de META (anciennement Facebook) a fait part d’une expérience hallucinante. A peine une minute d’activation de son compte, que celle-ci voit son avatar se faire agresser par quatre autres qui essaient de la toucher, l’insultant et l’invitant à se masturber…
Peut-on utiliser le mot de “viol” pour qualifier ce qui arrive à un avatar, qui n’est qu’une création informatique ?
Ce qu’on vit dans le virtuel est-il réel ?
Notre vie numérique est-elle une partie intégrante de notre existence ?
D’un point de vue juridique, c’est très clair : pas de viol, ni même d’agression sexuelle, sans corps matériel. Cependant, on ne peut ignorer le fait que, si la victime estime avoir vécu un traumatisme, ce qui est le cas de cette testeuse anglaise, on doit le prendre en compte et engager des poursuites !
L’entreprise de Mark Zuckerberg propose deux solutions pour éviter que ces incidents de ce genre se reproduisent :
Une option “safe zone”, qui permet de téléporter son avatar dans un espace sécurisé si on le sent menacé. Des boutons “bloquer” ou « signaler » sont mis à la disposition des utilisateurs à l’encontre d’avatars qui les insulteraient ou se comporteraient mal à leur égard.
Ou encore, l’instauration d’une “frontière personnelle”, qui établit un périmètre d’un mètre de distance entre les avatars (il s’agit d’une distance ressentie, évidemment, puisqu’on est dans un espace virtuel). Cette dernière solution est radicale : Meta prévoit qu’elle soit non désactivable par les utilisateurs.
Pour le dire autrement, dans ce monde, on ne pourra pas se toucher (d’ailleurs, si on décide d’avancer les mains de son avatar au-delà de cette frontière, elles disparaîtront).
Quoi qu’il en soit, cette histoire illustre un principe de l’informatique qui avait été formulé dès le tout début des années 2000 par le grand juriste américain Lawrence Lessig.
Ce principe tient en trois mots : “CODE IS LAW”.
“En informatique, c’est le programme qui tient lieu de loi.”
Les questions morales, juridiques ou philosophiques par des fonctionnalités techniques – autrement dit, Meta – et les autres entreprises qui imaginent des métavers – sont en train de fabriquer des mondes où notre liberté dépend de décisions prises par des ingénieurs et des commerciaux, sans aucune discussion démocratique ou même intellectuelle. C’est ce qui peut nous rendre un peu plus circonspect.
Pascal Coillet-Matillon, doctorant en droit à l’Ecole des Hautes Études en Sciences Sociales et spécialisé en droit public, en théorie du droit et en philosophie politique, lance cette piste :
“Il pourrait être possible de considérer l’avatar comme une simple prolongation virtuelle de son utilisateur. Ce dernier serait donc responsable juridiquement de l’activité de son avatar dans le métavers. Mais cette solution pose des problèmes. En effet, si un avatar « viole » un autre avatar, faudrait-il déclarer coupable de viol son utilisateur comme s’il s’agissait d’un viol dans la vie réelle ? Si un avatar « vole » un autre avatar, devra-t-on rendre coupable l’utilisateur de l’avatar voleur sur la base du régime juridique adapté aux vols dans la vie réelle ? Aussi, si un espace du met averse se dote de voitures, devrait-on condamner l’utilisateur de l’avatar commettant des infractions au code de la route ? Et si oui, sur la base du code de la route de quel pays ? Etc.”
Cette solution se heurte donc à de nombreuses limites et semble être compliquée à envisager.
C’est pourquoi, il est important qu’une régulation du métavers soit axée sur des éléments relatifs à la cybersécurité, la cybercriminalité et à l’obligation qu’ont les Etats de garantir un minimum de cohésion juridique.
Comme dans toute autre plateforme virtuelle, des utilisateurs sont/seront victimes de faits tels que la cyberintimidation, le harcèlement, la dépendance, la désocialisation ou autres effets nocifs en corrélation avec le métavers. Dans l’optique de traiter ces troubles psychiques, la mise en place de consultations avec des thérapeutes pourrait être à envisager.
Associé à cela, le contrôle communautaire pourrait être une solution efficace afin de dénoncer, crédibiliser mais également soutenir les utilisateurs ayant besoin de soutien psychologique.
A noter qu’ici nous ne cherchons pas à diaboliser le métavers. En passant de l’autre côté du miroir, ce monde peut avoir un impact psychologique positif sur l’utilisateur.
VI . DROIT INTERNATIONAL ET METAVERS
Tout d’abord, les données collectées des utilisateurs du métavers sont bien plus fournies et détaillées que celles d’une simple activité sur internet.
L’adaptation de ces règles par les Etats du monde doit être rapide, afin de protéger la vie privée des utilisateurs des différents métavers. Et d’empêcher les plateformes éditrices de mondes virtuels ainsi que des hackers dans l’obtention de ces données au profit d’objectifs illégaux et malveillants.
Comme nous l’avions abordé en début d’article, un règlement de protection des données tel que le RGPD doit être adopté et ce, de façon mondiale afin d’assurer une sécurité optimale.
Les États doivent donc commencer à structurer des processus de déploiement de certaines de leurs fonctions régaliennes dans le métavers.
Il sera nécessaire que chaque État veille à maintenir les interdictions de la vie réelle dans “le métavers” pour que la cohésion sociale dont il est garant, ne soit pas fragmentée à cause d’une sorte de schizophrénie juridique.
La protection des données personnelles est intrinsèquement liée aux réglementations en vigueur au sein d’états ou de communautés d’états.
DMA, DSA : voici comment l’Europe va réguler les géants de la tech et ainsi protéger les utilisateurs.
L’Union Européenne, à sa tête, Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a conclu fin mars 2022 à un accord provisoire concernant une toute nouvelle législation soit le DMA (Digital Markets Act).
Qu’est-ce que le DMA ??
Proposé en 2020 par la Commission Européenne, le DMA est un texte réglementaire qui pourrait faire trembler les GAMAM. Étant pour l’instant un texte provisoire, qui est ouvert à tout ajout, il a été tout récemment adopté. Celui-ci se présente comme un accord politique provisoire sur la législation sur les marchés numériques. Il comprend également un cadre réglementaire sur les services et les marchés numériques, incitant plusieurs grandes plateformes à revoir leurs plans dans l’Union européenne.
Cédric O, secrétaire d’État chargé de la transition numérique et des communications électroniques, le résume comme ceci :
“L’Union européenne a été amenée à prononcer des amendes record ces dix dernières années contre certaines pratiques commerciales néfastes des très grands acteurs du numérique. Le DMA permettra d’interdire directement ces pratiques et créera un espace économique plus équitable et contestable pour les nouveaux acteurs et les entreprises européennes”.
De plus, il ajoute que ces règles vont “déverrouiller les marchés numériques, renforcer la liberté de choix des consommateurs, permettre un meilleur partage de la valeur dans l’économie numérique et stimuler l’innovation”.
Objectivement, le DMA s’assure qu’aucune plateforme en ligne, n’abuse de son pouvoir (ex : GAMAM Bis) en s’accaparant le marché et portant alors préjudice aux autres entreprises : Droit de la concurrence.
A cette réglementation, le DMA prévoit aussi un grand nombre de sanctions qui touchent au monopole des plateformes, à leur réutilisation des données ou encore aux pressions qu’elles exercent sur certains utilisateurs professionnels. Par le biais d’amendes touchant au chiffre d’affaires jusqu’à 10% de son chiffre mondial, il entend dissuader tout manquement à cette législation. Une application qui entrera en vigueur fin 2022.
Cette application acte un moment phare dans l’histoire pour les GAMAM et signe la fin du “far west”.
Qu’est-ce que le DSA ??
Dans une suite logique, l’UE a fini par se mettre d’accord sur la validation du Digital Services Act (DSA).
Après 16 heures de négociations intenses et sans pause, un accord a été trouvé par les membres de la Commission Européenne le samedi 23 avril 2022.
Ce texte a été créé pour réguler les acteurs du numérique avec des obligations et des sanctions. Il a pour ambition de lutter contre la désinformation, les contenus illicites, ainsi que la vente de produits illégaux.
Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne, l’explique à travers un communiqué : « le DSA actualise les règles communes pour tous les services en ligne dans l’UE. Il garantira que l’environnement numérique reste un espace sûr, préservant la liberté d’expression et les opportunités pour les entreprises numériques. Elle met en pratique le principe selon lequel ce qui est illégal hors ligne doit être illégal en ligne ».
En érigeant ce texte, plusieurs pratiques seront interdites. Citons par exemple celle consistant à :
Cibler les utilisateurs en ligne en fonction de leur religion, leurs sexes ou de leurs préférences sexuelles,
Les « dark patterns » : des conceptions Web trompeuses visant à inciter les internautes à cliquer involontairement sur du contenu.
Les grandes plateformes en ligne que nous connaissons, seront tout de même obligées de publier les mesures prises pour lutter contre la désinformation ou la propagande.
Il s’appliquera également, à tous les services intermédiaires (moteur de recherche, sites web, médias sociaux, …) fournis aux internautes ayant leur lieu d’établissement ou de résidence dans l’Union.
En appliquant des sanctions financières dissuasives, les entreprises concernées s’exposent à des amendes pouvant atteindre jusqu’à 6% de leur chiffre d’affaires mondial.
NB : A titre de rappel, le RGPD prévoit des amendes à hauteur de 4% du chiffre d’affaires mondial.
Cet acte est majeur pour la protection des utilisateurs. Ainsi, les victimes de cyberharcèlement seront mieux protégées avec le retrait immédiat des contenus incriminés et partagés.
Vous l’aurez compris, le métavers est à aborder sous de nombreux aspects.
Qu’ils s’agissent de propriété intellectuelle, virtuelle, sécurité web 3.0, d’un aspect juridique à un aspect psychologique : entreprise et utilisateurs devront se préparer mais seront également accompagnés. Nous l’avons vu, chaque problématique, à un éventail de solutions. Le métavers malgré sa complexité pourra donc, si bien abordé, concilier humanité et technologie.