Le monde de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée fascine. Désormais accessible au grand public la première application de ces technologies qui nous vient à l’esprit est le gaming. Mais aujourd’hui presque tous les secteurs d’activités se les sont appropriées : c’est le cas du secteur touristique.
Si l’application de ces technologies ne semble pas évidente au premier abord dans ce milieu, les professionnels du secteur ont su l’utiliser pour proposer des expériences inédites aux consommateurs et leur donner envie de voyager.
La réalité virtuelle (VR)
La réalité virtuelle, qu’est-ce que c’est ?
Il s’agit de différentes technologies qui permettent à l’utilisateur de se plonger dans un environnement artificiel en faisant appel à différent sens. L’utilisation la plus connue étant les casques à réalité virtuelle. La vidéo suivante nous permet de mieux comprendre les dimensions de la réalité virtuelle (VR) :
Cette technologie, appliquée au secteur touristique, permet aux professionnels du secteur de faire découvrir des expériences, des lieux lointains et de transporter les utilisateurs :
Immersion dans les villages Club Med
En 2016, Club Med a équipé toutes ses agences de casque à réalité virtuelle. L’objectif ? Faire connaître aux clients leur future destination, faciliter la vente mais surtout, augmenter le chiffre d’affaires et améliorer la notoriété de la marque.
Le géant de la réservation de voyages en a fait un outil marketing et s’en est servi pour des action de street marketing au Canada où des passants se sont vu transportés dans les villages vacances du Mexique ou République Dominicaine.
Pour Club Med, il d’agit d’une stratégie omnicanale puisque tout le contenu développé pour les casques à réalité virtuelle a été réutilisé sur les réseaux sociaux mais aussi sur le site web.
Cas de l’Eurostar Odyssey
Si la VR devient très populaire du côté des hôteliers, elle se démocratise aussi dans le transport.
C’est le cas de l’Eurostar qui a souhaité rendre le voyage sous la manche extraordinaire. Durant l’été 2017, la compagnie ferroviaire franco-britannique a proposé à ses usagers de vivre une expérience unique en leur proposant une application à réalité virtuelle pour les permettre de voir ce qu’il se passe à l’extérieur du tunnel sous la manche.
Cette application, appelée Eurostar Odyssey, a permis aux voyageurs de découvrir le monde sous-marin environnant sans bouger de leur siège : ils pouvaient vivre l’expérience depuis leur smartphone, ou via des casques à réalité virtuelle pour ceux qui en possédaient. Certaines compagnies aériennes ont par ailleurs fait part de leur enthousiasme de proposer prochainement l’expérience du voyage virtuel à leurs passagers lors des long-courriers
La réalité augmentée (VA)
La réalité augmentée est-elle une clone de la réalité virtuelle ?
La réalité augmentée peut être caractérisée comme une jonction entre des données digitales, que l’on peut décrire comme « virtuelles », et le monde réel. Celle-ci est donc différente de la VR. En d’autres termes, elle doit avoir les trois aspects suivants :
– Concilier le monde « réel » et des données numériques en temps réel
– Créer une interaction dans l’instant présent avec l’utilisateur et le monde réel : il doit y avoir une modification « virtuelle » en direct, géolocalisée et contextualisée (une amélioration, une interaction…)
– Utiliser un environnement en 3D
La vidéo ci-dessous explique parfaitement le fonctionnement de la réalité augmentée ainsi que la nuance entre VA et VR.
Cas de Histovery
Un exemple bien représentatif de cette technologie est la startup française Histovery. Celle-ci se démarque en associant réalité augmentée et tourisme en proposant aux utilisateurs un véritable voyage dans le temps. Leur objectif est de faire connaître au public la richesse du patrimoine culturel grâce à cette technologie.
Le concept est simple et original : visiter un site tel qu’il était il y a plusieurs années, voire plusieurs siècles grâce à la réalité augmentée. Pour vivre cette expérience inédite, il suffit d’utiliser l’application dédiée et de se promener dans un lieu en ciblant les murs. En pointant les murs l’utilisateur peut voir leur passé, leur histoire, des lieux cachés ou encore la reconstitution d’une scène historique, ou des scènes de la vie quotidienne.
Disponible dans les lieux suivants :
– Palais des Papes d’Avignon
– Chambord
– Le Palais de la Cité
– Forteresse royale de Chinon
Quelles sont les limites de la VA et de la VR ?
Comme expliqué plus haut, la VR et la VA révolutionnent indéniablement le secteur du tourisme : le fait de pouvoir se déplacer un peu partout sur le globe terrestre sans pour autant bouger de son fauteuil offre une expérience de grande qualité au client.
Autre exemple d’expérience client inédite dans le secteur touristique : la visite historique. Lors des 500 ans de la ville du Havre en 2017, la ville a mis en place une borne de réalité virtuelle en libre-service pour faire revivre à ses habitants et visiteurs, la cité normande d’avant la destruction. Une expérience qui a marché : plus de 300 utilisateurs par jour et par borne et des taux de satisfaction supérieur à 90 % durant l’été de cette année.
Voyagera-t-on moins à cause de la VR et de la VA ?
Toutefois, s’il est aujourd’hui impossible de démontrer que la réalité virtuelle a un impact négatif sur le secteur du tourisme, certaines agences ont préféré ironisé sur l’expérience client : en 2017, une agence de voyage des Emirats-Arabes-Unis a lancé une campagne publicitaire tournant en ridicule les utilisateurs de la VR, et déclarant qu’il était préférable de “voyager pour de vrai”.
« Le futur (du tourisme) sera la téléportation »
Des vidéos drôles au premier abord mais qui évoquerait une problématique : la nouvelle technologie va-t-elle nous inciter à rester chez nous au lieu de voyager ? Interrogé par Ubsek & Rica Sophie Lacour, chercheuse et directrice générale d’Advanced Tourism, explique l’immobilité est la grande révolution en marche : » Le futur sera la téléportation. Pas physiquement, mais selon la technologie ‘‘haptique’’ (le toucher et la perception du corps dans l’environnement, ndlr). On peut ressentir le soleil, le sable et la mer sur son canapé. Sous la forme d’une ‘‘e-peau’’, un seul voyageur peut faire voyager des millions de personnes connectées à distance. Un tourisme par procuration qui constitue également une solution à la surfréquentation des lieux « .
Si à l’heure actuelle, il est impossible de retranscrire l’émotion dans un voyage virtuelle (ex : un sourire, une rencontre), il sera peut être possible de le faire. Dans une interview publiée par le site internet d’Advanced Tourism, la même Sophie Lacour explique qu’à l’avenir il sera possible d’intégrer « l’émotion » du voyage dans les expériences virtuelles grâce aux nouvelles « machines ». Une explication aussi fascinante que troublante, mais qui montre à quel point l’e-tourism n’aura jamais aussi bien porté son nom.